La France ne pouvait rester indifférente aux menées qui avaient succédé à la tentative ridicule de Strasbourg, surtout depuis la lettre écrite par le jeune Louis Bonaparte à M. Laity, à l’occasion de son procès. Vainement dira-t-on qu’un gouvernement ne doit pas attacher trop d’importance à la conduite d’un jeune homme tout-à-fait étranger à l’esprit de la France : ce jeune homme avait trouvé le moyen d’égarer quelques malheureux soldats ; récemment encore il a causé la disgrace d’un officier français dont il a détruit la carrière ; le devoir du gouvernement était de mettre fin à ces intrigues. Il a fait ce qu’il aurait fait en pareil cas à l’égard de tout réfugié qui essaierait de troubler la tranquillité de la France ; il a demandé l’éloignement de celui-ci du pays voisin où il réside. La note présentée par M. le duc de Montebello au directoire fédéral récapitule nettement les griefs du gouvernement français contre le jeune Louis Bonaparte. Après les évènemens de Strasbourg et l’acte de clémence dont M. Louis Bonaparte a été l’objet, dit notre ambassadeur dans cette note, on ne devait pas s’attendre à le voir renouveler ses criminelles intrigues, surtout en Suisse, où se trouvent établies d’anciennes et nouvelles relations de bon voisinage. M. de Montebello ajoutait que, de notoriété publique, le château d’Arenenberg est un foyer d’intrigues contre la France, et que les écrits que M. Louis Bonaparte a fait publier en France et en Allemagne prouvent assez ses desseins. La Suisse est trop loyale et trop fidèle alliée de la France pour permettre que Louis Bonaparte se dise à la fois un de ses citoyens et le prétendant au trône de France, qu’il se dise Français toutes les fois qu’il conçoit l’espérance de troubler sa patrie au profit de ses projets, et citoyen de Thurgovie quand le gouvernement français veut prévenir le retour de ses tentatives.
Telle était la substance de cette note, qui a été attaquée par tous les journaux de l’opposition comme destructive des principes qui consacrent l’indépendance de la république helvétique. Une feuille des plus avancées de la gauche va même jusqu’à nous menacer de la colère de la Suisse, qui pourrait bien, dit-elle, se mettre sous la protection de quelque grande puissance militaire. D’autres feuilles, plus modérées, se bornent à reprocher au gouver-