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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/570

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REVUE DES DEUX MONDES.
EN JUIN. EN JUILLET. DIFFÉRENCE EN PLUS. EN MOINS.
Écho Français 
1,254 1,327 73 »
Commerce 
1,790 1,699 « 91
Journal-Général 
1,718 1,568 « 150
Presse 
8,064 7,518 « 546
Siècle 
7,418 7,359 « 59
Europe 
1,795 1,074 « 721
Bon Sens 
333 324 « 9

On voit qu’en général la presse quotidienne en masse a perdu, dans ces deux mois, quoique la différence des chiffres soit loin d’égaler celle qui se fait remarquer de 1837 à 1838. Ces changemens, nous sommes loin de les attribuer uniquement à l’esprit des journaux, car telle feuille qui soutient des principes conservateurs a perdu ses abonnés, et telle autre qui en soutient de contraires, est en voie d’accroissement. On peut même dire, à ce sujet, que l’esprit de l’opposition nuit souvent à toute la presse, en l’entraînant dans des discussions oiseuses qui éloignent les lecteurs. Les grandes discussions de théories politiques sur la vérité du gouvernement constitutionnel ont produit ce résultat ; et on peut dire que l’état stationnaire d’un grand nombre de feuilles quotidiennes est une preuve de non-succès, car le nombre des lecteurs s’accroît considérablement chaque année en France. Ajoutons encore que certaines feuilles, telle que le National, ont leur nombre d’abonnés en quelque sorte invariable, et qui représente avec une exactitude presque mathématique la force du parti dont elles expriment l’opinion. D’autres feuilles, celles qui, après avoir été modérées, ont passé à des principes d’opposition extrême, subissent une décadence rapide. Enfin, quelques journaux exagérés en faveur du pouvoir décroissent dans une égale proportion.

À l’aide des chiffres que nous venons de donner, on pourrait aussi s’assurer si le gouvernement est réellement isolé, comme l’avancent les journaux de l’opposition, assertion qui pourrait se soutenir si on comptait les journaux, mais qui devient inexacte quand on compte leurs abonnés. Il serait juste d’abord de défalquer les journaux légitimistes, qui attaquent tous les cabinets, et qui ne se rallieraient pas plus à M. Thiers qu’à M. Barrot, à M. Guizot qu’à M. Molé. Nous trouverions alors l’opposition des journaux politiques offrant une masse de 21,998 abonnés, et les journaux qui défendent l’ordre établi réunissant le nombre de 25,788 abonnés. Où est l’isolement ?

Il va sans dire que nous n’avons pas dû faire entrer dans cette énumération les journaux neutres qui, tels que l’Écho, se bornent à répéter les feuilles de toutes couleurs. Nous avons, au contraire, dû comprendre, dans les journaux partisans du régime actuel, le Journal de Paris, passé depuis en d’autres mains, mais qui défendait encore les principes du gouvernement au 1er juillet 1838, époque que nous prenons. Au reste, nous reviendrons prochainement sur tous ces chiffres, et, en les complétant, nous essaierons d’en déduire un tableau général de l’opinion publique en France.

La visite du roi et de la famille royale au château de Champlâtreux a donné lieu à tant de suppositions, que nous ne croyons pas devoir les re-