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ÉTABLISSEMENS RUSSES DANS L’ASIE OCCIDENTALE.

Tchaï, à un peu plus d’une lieue de cette ville. Il plaça ses troupes en ordre de bataille, et envoya devant lui son avant-garde, sous les ordres du général-major Pancratief. Alaiar-Khan, gendre du chah, qui commandait dans Tauris, excita les sarbases à défendre vigoureusement la résidence du prince héréditaire ; mais, à l’approche des troupes russes, il alla se cacher dans une maison du faubourg, où on le trouva plus tard et où on le fit prisonnier. Les sarbases se dispersèrent de tous côtés, et les habitans vinrent à la rencontre des troupes russes pour demander leur protection. Le général Eristof occupa alors la ville et la citadelle. Six jours après, Paskewitch fit son entrée solennelle dans Tauris. Les habitans jetèrent des fleurs sur son passage ; les chefs de la religion, les premiers d’entre les beys et les personnes les plus distinguées de la ville, vinrent lui rendre les plus humbles hommages.

Abbas-Mirza, qui s’était retiré au-delà de Khoï, voyant qu’il lui était impossible de continuer la guerre, fit faire des propositions de paix à Paskewitch, et une entrevue eut lieu, le 6 novembre, entre le prince persan et le général russe. L’héritier du trône avait été formellement autorisé par son père à faire la paix, et l’on était d’accord sur les principales conditions, lorsque tout à coup un courrier de Tehran vint dire que le chah ne voulait pas payer les frais de la guerre, ni ratifier le traité si les Russes ne commençaient pas par évacuer l’Adzarbaïdjan et par se retirer derrière l’Araxe, exigence évidemment inacceptable. Tout le monde s’attendait alors à une rupture entre la Porte et la Russie, et le chah pensait qu’en gagnant du temps, il pourrait traiter à des conditions plus avantageuses : mais la Perse avait trop souffert dans la campagne précédente pour pouvoir attendre l’effet de cette diversion, et Abbas-Mirza, qui connaissait bien la situation des choses, fut consterné de la rupture des négociations. Les hostilités recommencèrent aussitôt, quoique la terre fût couverte de neige, et que l’hiver fût d’une rigueur peu commune dans ces contrées. Le général Pancratief s’empara, le 15 janvier 1827, de la ville d’Ourmiou, et le général Souchtelen se dirigea sur Ardebil, qui ouvrit ses portes. On trouva dans la forteressse 27 canons et des munitions considérables, et dans la ville une bibliothèque fort riche en manuscrits persans et arabes, qui fut plus tard transportée à Saint-Pétersbourg.

La prise d’Ardebil mit fin à la guerre : Feth-Ali-Chah se hâta d’envoyer de nouveaux pleins-pouvoirs à son fils ; il écrivit lui-même à Paskewitch, le pria de reprendre les négociations, et promit de sous-