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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/64

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Plata, évènemens que leur simultanéité rend plus graves, et dont il ne faudrait pas méconnaître le véritable caractère.

Depuis que l’émancipation des anciennes colonies espagnoles en a ouvert l’accès aux étrangers, non-seulement le commerce de l’Europe s’est porté vers ces riches contrées, mais il s’y est formé des colonies plus ou moins nombreuses de Français, d’Allemands et d’Anglais, qui ont fondé divers établissemens, et qui exercent toutes sortes d’industries dans les nouveaux états. À défaut de traités ou de conventions spéciales, la condition des étrangers, du moment qu’ils sont admis à résider sur le territoire, doit être réglée par les principes universellement reconnus du droit des gens. Protection pour les personnes, sécurité pour les biens, privation des droits politiques, mais exemption de toutes les charges personnelles et pécuniaires qui correspondent à la qualité de citoyen, soumission aux lois et à la justice du pays, mais faculté de les invoquer contre les habitans du pays, tels sont, dans la civilisation moderne, les traits généraux d’une situation exceptionnelle, mais partout favorisée, qui, dans ses détails accessoires, comporte ensuite beaucoup de diversités. Dans des contrées lointaines comme l’Amérique, où les communications sont difficiles et lentes, où les institutions judiciaires sont imparfaites, et les principales garanties de l’ordre social faiblement organisées, cette situation réunit toujours, à côté de quelques avantages, de nombreux inconvéniens, que connaissent ceux qui s’y exposent, et dont ils supportent tout ce qui est supportable, en vue de leur fortune à faire et de leur tranquillité à maintenir. C’est surtout dans les villes ou les campagnes de l’intérieur que les étrangers ont le plus à souffrir, incapables qu’ils sont de recourir efficacement et assez vite à leurs protecteurs naturels, les agens officiels du pays auquel ils appartiennent. Aussi peut-on être sûr qu’il reste toujours bien des vexations impunies et bien des injustices non réparées. Mais les exceptions de fait ne changent rien au principe, et c’est ce principe de la simple justice due aux étrangers que les efforts de toutes les puissances européennes doivent tendre à faire partout établir en Amérique au-dessus de toute contestation, parce que, s’il y a été plus ou moins reconnu en paroles, en pratique il y a été trop souvent violé. Comme nous n’avons pas ici pour but de faire l’histoire des différends qui ont éclaté à plusieurs époques entre la France et certains états de l’Amérique du sud, mais de présenter sur des faits constans quelques considérations de politique et d’humanité, nous n’entrerons point dans les particu-