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DE L’AMÉRIQUE DU SUD.

alors la Magdalena, seule voie de communication entre Carthagène et Santa-Fe de Bogota ; il faut se représenter une navigation de plus de trente jours, sur une misérable barque, qui s’arrêtait tous les soirs, à travers une des plus riches vallées du monde, que l’établissement de communications faciles et sûres transformera en peu de temps. Un service régulier de bateaux à vapeur sur la Magdalena, sur l’Amazone, sur l’Orénoque, sur la Plata, c’est une révolution complète dans chacun des pays que ces fleuves gigantesques arrosent, témoins les bassins du Mississipi, de l’Ohio, du Saint-Laurent. Avec lui le commerce, les arts, l’industrie, la civilisation, le long de leurs bords ; avec lui des travaux qui régleront leur cours, amélioreront leur lit, préviendront les inondations, assainiront et fertiliseront les vastes plaines où se perdent quelquefois leurs eaux. Ailleurs, c’est une compagnie hollandaise qui, sur le territoire de la république centrale (le Guatemala), a entrepris de percer l’isthme de Nicaragua, et de résoudre ainsi l’immense problème de la jonction des deux océans. Ce sont des capitalistes étrangers qui cherchent à établir entre Valparaiso et Lima une ligne de paquebots à vapeur, et sans parler d’un projet de canal à travers l’isthme de Panama, qui avait trop facilement séduit le gouvernement de la Nouvelle-Grenade, c’est un ingénieur français et une maison française des Antilles qui préparent dans cette république de grands travaux de viabilité, pour lesquels on a obtenu l’autorisation du même gouvernement. Enfin, il y a dans les plus importantes exploitations de mines du Mexique, des capitaux et des ingénieurs anglais, engagés depuis quelques années, à l’avantage du Mexique non moins que de l’Angleterre. Mais en cette matière, le présent et le passé ne sont rien, auprès de l’avenir dont la possibilité se révèle, si, d’une part, les gouvernemens nouveaux se consolident en Amérique, et si les hommes éclairés y prennent le dessus ; si, de l’autre, l’attention sérieuse de l’Europe se porte énergiquement sur une carrière qui lui promet à la fois gloire et profit.

De toutes ses anciennes colonies, transformées en états indépendans, l’Espagne n’a encore reconnu que le Mexique, et c’est à cause de la possession de Cuba, le pays avec lequel il était le plus urgent de renouer des relations de commerce et d’amitié. Les négociations entamées avec la Nouvelle-Grenade et Venezuela n’ont pu être menées

    velles républiques, M. le duc de Montebello, aujourd’hui ambassadeur de France en Suisse, et si je ne me trompe, M. Ternaux, qui publie en ce moment une si intéressante collection de voyages et de relations inédites ou peu connues sur la découverte de l’Amérique, ont fait le même trajet, avec les mêmes dangers, la même lenteur, et des incommodités sans nombre, bien faites pour éloigner le commerce et rebuter une curiosité ordinaire.