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plus exact en diminuant de quelques centaines le chiffre des abonnés du Constitutionnel, que nous avons donné.

Mais, tout en contestant ce chiffre, le Constitutionnel a suivi nos conseils. Il a compris, comme nous le lui disions, que la perte de vingt mille abonnés qu’il a faite depuis 1830, époque où il comptait le nombre prodigieux de vingt-cinq mille abonnés, tient à quelque chose ; et pour commencer sa réforme, il a renoncé aux attaques acerbes dont le gouvernement et ce qu’il nomme le château, étaient l’objet dans ses articles. Après avoir accordé, il y a peu de temps, de justes éloges à M. Molé, le Constitutionnel a salué avec enthousiasme et sans rancune, la naissance du nouveau prince, en protestant de son dévouement pour la monarchie, et en parlant de la bonne étoile de notre dynastie. Qu’il y a loin de cette loyale manifestation aux chroniques que faisait, il y a deux mois, le Constitutionnel, sur « la ville et la cour ! » Nous l’en félicitons sans réserve, et nous ne doutons pas qu’il n’en recueille les fruits avant la publication de sa statistique d’abonnemens du prochain trimestre.

Un journal du soir, plus fidèle à ses principes qu’à ses intérêts, et qui diffère en cela du Constitutionnel, l’avait sommé de déclarer pour qui et contre qui il combattait ; à quoi le Constitutionnel, fidèle du moins à son système, avait répondu que, sans trop admettre le droit que s’arrogent certaines feuilles de lui faire subir un interrogatoire sur ses antipathies et ses sympathies, il allait cependant répondre. On voit que le Constitutionnel se croit en droit de cacher non-seulement le nombre de ses abonnés, mais encore ses opinions politiques, et qu’il s’imprimerait volontiers à huis clos, s’il osait. Toutefois, forcé dans son camp retranché, il déclare « que tous ses efforts tendront, comme par le passé, à préparer le renversement du ministère actuel dans son entier. »

À la bonne heure ! le ministère se contentera donc de se voir soutenu en détail, comme fait aujourd’hui le Constitutionnel, tantôt dans la personne de M. Molé, tantôt dans celle de M. de Montalivet, à propos du conseil général de la Loire-Inférieure. Nous regarderions déjà même comme un grand progrès du Constitutionnel la justice toute française qu’il rend au chef de notre gouvernement, et l’enthousiasme qu’il montre pour sa famille. À ce prix-là, le Constitutionnel évitera désormais les critiques que nous nous sommes permises, à notre grand regret, sur l’esprit injuste et passionné de sa rédaction. Et quant aux feuilles de l’opposition qui se postent derrière le Constitutionnel pour l’observer, à peu près comme ces régimens qu’on place derrière des auxiliaires incertains, elles auront beau faire bonne garde, nous leur prédisons que le Constitutionnel leur échappera. Ceci n’est pas une conjecture.

M. de Salvandy vient d’adresser, au roi, deux rapports qui feront époque dans l’histoire de l’instruction publique en France. Le ministre rappelle que l’ordonnance de 1816 supprima dix-sept facultés des lettres et trois facultés des sciences ; et que, sur sa proposition, la création de nouvelles facultés a été sanctionnée par les chambres. C’est pour régler et améliorer l’enseignement