en sa faveur ; lord Ponsonby resta ambassadeur d’Angleterre à Constantinople, et M. Urquhart revint dans sa patrie assiéger Downing-Street de ses mémoires justificatifs, accabler lord Palmerston de sa volumineuse correspondance, rédiger les pétitions de M. Bell, armateur du Vixen, et soulever dans la presse, ainsi que dans les deux chambres, des discussions hostiles sur la direction des affaires extérieures de la Grande-Bretagne. Telle est donc l’influence sous laquelle l’assemblée de Glasgow, dont cette digression nous a un peu éloignés, composa sa pétition. Lord Lyndhurst fut chargé de la présenter dans la chambre haute, et il s’est acquitté de cette tâche le 14 du mois dernier. Voilà l’objet dont j’ai d’abord à vous entretenir.
Lord Lyndhurst est un homme de beaucoup d’esprit, un orateur éloquent, passionné et néanmoins fort habile. Ses connaissances de jurisconsulte, sa parole, l’étendue de son intelligence, en ont fait à la chambre des lords le chef de l’opposition tory, et je ne sais combien de grandes mesures ministérielles ont succombé depuis quelques années sous ses coups. Eh bien ! avec toutes ces qualités, le discours qu’il a prononcé à l’appui de la pétition de Glasgow est, passez-moi le mot, un discours pitoyable. Il m’a rappelé ceux que, dans les premières années de la révolution de juillet, tenaient à la tribune de la chambre des députés quelques orateurs aujourd’hui bien tombés dans l’opinion publique et dans l’estime même de leur parti. Comme eux, lord Lyndhurst a parlé de tout à propos de rien, a fait des crimes à son gouvernement de tout ce que n’a pu empêcher ce pauvre gouvernement, des actes de puissances étrangères sur lesquels il ne pouvait exercer le moindre contrôle. Comme eux, lord Lyndhurst a dit pendant une heure : Il fallait faire ceci, ou bien, il fallait prévenir cela, et le tout sans se demander jamais si l’on en avait le droit ou si l’on en possédait les moyens ; si la guerre, l’ultima ratio en pareilles matières, à supposer que la chose en valût la peine, pouvait même conduire au but et faire obtenir le résultat désiré. Enfin, pour que rien ne manque à la comparaison, le discours de lord Lyndhurst et ceux qu’il me rappelle offrent la même absence d’équilibre, ou plutôt la même contradiction entre l’objet qu’il se propose et les principes généraux de politique ou d’économie sociale dont cet objet est inséparable.
La pétition des négocians de Glasgow roulait, comme je vous l’ai dit, sur la décadence du commerce de la Grande-Bretagne. Lord Lyndhurst, après avoir cité des chiffres qui prouvent effectivement un ralentissement dans les principales branches d’exportation, a donc parlé de l’union des douanes allemandes, de la Vistule fermée au pavillon anglais ; de Cracovie, où l’Angleterre n’a point de consul, malgré les promesses de lord Palmerston ; de Java, où les Hollandais exigent des droits ruineux, contrairement aux traités ; d’Alger enfin, de notre Alger, dont on essaie tous les ans de dégoûter la France, et qui ne laisse pas d’exciter, chez nos voisins, des sentimens de jalousie bien ou mal fondés. Ainsi, voilà que lord Lyndhurst, pour faire vendre aux manufacturiers de Paisley, de Manchester et de Sheffield, quelques milliers de plus d’aunes de toiles de coton et autant de quintaux de grosse quincaillerie,