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L’USCOQUE.

DERNIÈRE PARTIE.[1]

Orio, après avoir déployé ce courage désespéré, s’enfuit chez lui avec l’assurance et l’empressement d’un homme qui aurait compté trouver un expédient de salut dans la solitude. Mais toute sa force s’était réfugiée dans ses muscles, et en se sentant marcher avec tant de précipitation, il s’imagina qu’il allait être assisté comme autrefois par une de ces inspirations infernales qu’il avait dans les cas difficiles. Quand il se trouva dans sa chambre, face à face avec lui-même, il s’aperçut que son cerveau était vide, son ame consternée, sa position désespérée. Il le vit, il se tordit les mains avec une angoisse inexprimable, en s’écriant : — Je suis perdu !

— Qu’y a-t-il ? dit Naam, en sortant du coin de l’appartement où son existence semblait avoir pris racine. Orio n’avait pas coutume de s’ouvrir à Naam quand il n’avait pas besoin de son dévouement. En cet instant, que pouvait-elle pour lui ? Rien sans doute. Mais la terreur d’Orio était si forte, qu’il fallait qu’il cherchât du secours dans une sympathie humaine.

  1. Voyez les livraisons des 15 mai, 1er  juin et 13 juin 1838.