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Page:Revue des Deux Mondes - 1838 - tome 15.djvu/775

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DU THÉÂTRE CHINOIS.

nomme le premier sur la liste des licenciés. La soubrette, présente à l’entrevue, s’amuse de la surprise des deux amans, arrivés enfin au comble de leurs vœux par la volonté impériale et l’influence toute puissante des honneurs académiques.

Ces rapides analyses et les considérations qui les précèdent suffisent peut-être pour donner une idée de la variété et de l’intérêt des ouvrages dont se compose le théâtre chinois, pour montrer quelle vive clarté ils peuvent jeter sur les mœurs, les sentimens, la tournure d’esprit et d’imagination d’un peuple extraordinaire. Il ne me reste plus qu’à exprimer un désir qui, je pense, sera partagé par le lecteur, le désir qu’on nous fasse connaître un plus grand nombre de ces curieux monumens. M. Bazin me semble appelé à poursuivre une tâche qu’il a si honorablement commencée. Le style varie tellement dans les divers genres de littérature cultivés à la Chine, qu’à moins de leur consacrer sa vie entière, on est obligé de se vouer à une classe d’ouvrages pour les comprendre parfaitement. M. Julien seul, en France et en Europe, peut, à son gré, traduire un des kings, un volume de poésie, un drame, un roman, ou un ouvrage sur la culture des mûriers. Son habile élève s’est attaché aux compositions dramatiques ; maintenant il est maître de cette portion importante de la littérature chinoise. Qu’il y concentre ses efforts, si heureux dès le début ; qu’il choisisse les plus intéressantes des cent pièces de la collection dont il vient de nous présenter ce curieux échantillon, ainsi que des autres collections qu’on possède ; qu’il donne des analyses détaillées et de judicieux extraits de celles qu’il ne traduira pas, et il aura attaché son nom à un vaste et utile travail qui ne peut manquer de mériter les suffrages du public et les encouragemens du pouvoir.


J. J. Ampère.