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Dans le courant du mois de juillet, l’ami de Khasi, Hamsad-Bey, rassembla 2000 hommes dans la province de Djari, et fut au moment de soulever toutes les tribus Lesghis. Déjà les habitans les plus riches des districts de Djari portaient tout ce qu’ils possédaient dans la montagne et allaient joindre Hamsad-Bey. On craignait une insurrection générale qui aurait menacé les frontières de la Géorgie et le revers méridional du Caucase. Le général Rosen se rendit en toute hâte sur les bords de l’Alazani, et chercha à joindre Hamsad-Bey qu’il poursuivit de village en village. Il n’éprouva nulle part de résistance sérieuse. Près de 5000 familles firent leur soumission dès qu’il parut, et les insurgés, au nombre de 2000, se dispersèrent. Le mauvais succès d’Hamsad-Bey tourna même contre lui les habitans de cette partie des montagnes, qui livrèrent aux Russes plusieurs des rebelles du Daghestan.

Pendant ce temps, Khasi-Moullah, comme on l’a dit plus haut, s’était fortifié dans Himri. Le chemin qui conduit à ce village est étroitement resserré entre des rochers perpendiculaires. Les insurgés l’avaient en outre barré, en avant du bourg, par trois murailles, dont l’une était flanquée de deux tours bâties en pierre. Ils avaient de plus établi quelques fortifications sur les pentes qui dominaient ce retranchement. Le général Rosen se dirigea en personne vers Himri pour détruire ce repaire de brigands. Après quelques marches pénibles, pendant lesquelles ils eurent continuellement à combattre, les Russes arrivèrent à un défilé célèbre ; les montagnards disaient que leurs ennemis n’y passeraient qu’avec l’eau de la pluie. Avant de s’y hasarder, il fallut occuper les hauteurs ; un bataillon de carabiniers, commandé par le prince Dadian, gravit les rochers avec tant de hardiesse et de célérité, que les montagnards étonnés prirent la fuite. Hamsad-Bey arrivait d’un autre côté avec mille hommes pour prendre les Russes en queue lorsqu’ils seraient engagés dans le défilé ; mais lui-même vit paraître sur ses derrières un bataillon russe qui l’obligea à une prompte retraite. Après ces différentes manœuvres, le général Rosen, voyant ses communications assurées, donna l’ordre d’entrer dans le défilé et d’attaquer les retranchemens élevés devant Himri. On attaqua à la fois ceux qui défendaient les hauteurs et ceux qui fermaient le chemin. Les troupes engagées dans le défilé, protégées par l’artillerie, s’emparèrent promptement du premier mur, et poursuivirent si vivement l’ennemi, qu’elles emportèrent successivement le second et le troisième. En même temps les montagnards étaient délogés des ouvrages qu’ils avaient établis sur