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REVUE. — CHRONIQUE.

archives de toutes les chancelleries de l’Europe, tant la vérité est outragée, comme à plaisir, à chaque parole. Mais jetez les yeux sur la carte, ouvrez la collection des constitutions politiques, et dites-nous où est le pays constitutionnel avec lequel nous soyons en guerre, ou en état d’éloignement ? Serait-ce le Mexique ou Buenos-Ayres ? Pour ceux-là, nous l’avouons, et les constitutions les plus libérales du monde n’empêcheront jamais, nous l’espérons, de tirer vengeance des insultes des peuples qui n’ont pris de la liberté que ses excès. Nous cherchons vainement ailleurs. Le traité de la quadruple alliance n’est détruit que dans l’imagination de ceux qui voudraient voir la moitié de l’Europe croisée contre l’autre. L’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, voilà, ce nous semble, les pays constitutionnels où règnent les principes libéraux. Nos alliances sont-elles ailleurs, s’il vous plaît ? Le gouvernement quête celle de la Russie ? De quelle manière ? Le gouvernement français entretient des forces imposantes dans les eaux de la mer Noire ; ses vaisseaux, combinés avec ceux de l’Angleterre, font respecter la paix de l’Orient : est-ce ainsi qu’il quête l’alliance de la Russie ? Jamais les réfugiés polonais n’ont trouvé, en France, une protection plus douce que sous ce ministère. Est-ce de la sorte que l’on sollicite le Nord ? La France plaide la cause de la Belgique à Londres ; elle répond par des actes pleins de dignité et de réserve à toutes les démarches de moindre importance du cabinet de Pétersbourg, réglant sa conduite exactement sur la sienne ; et l’on vient nous dire qu’on ambitionne une alliance qui compromettra tous les ministères d’ici à de longues années ! Il est vrai que la France ne brouille pas tout au gré des impatiens, et qu’elle observe avec calme la marche des affaires, bien assurée que la paix et la tranquillité de l’Europe sont un bien réel qu’il faudra maintenir de toutes ses forces, tant qu’il ne s’agira pas de l’acheter par des concessions indignes de nous. Il est vrai que le gouvernement, mieux informé que quelques journaux remplis chaque jour de fausses nouvelles, ne croit pas qu’il faille désespérer de l’Espagne constitutionnelle. Il est encore vrai qu’il ne croit pas de son honneur de déchirer le traité des 24 articles qu’il a garanti ; mais il y a loin de là à s’humilier devant les puissances du Nord, et il ne faut pas nous dire, comme vous l’avez fait imprudemment, que le gouvernement condamne la France à une politique de vieillard ; car la France pourrait bien vous répondre prochainement, par l’organe de la chambre, que cette politique est la sienne, et qu’elle l’a adoptée de préférence à celle que vous lui proposez, qui pourrait bien n’être que de la politique de jeunes gens. Aussi ne l’attribuons-nous pas aux hommes mûris par les affaires, sous la protection desquels on voudrait la mettre aujourd’hui. Au reste, il en est du système d’alliance du Nord comme de la vérité du gouvernement représentatif qu’on réclame. C’est une discussion toute factice, où l’opposition établit à son gré certains faits pour les combattre, un monologue en deux parties où elle joue tous les rôles en changeant sa voix.

Est-ce aussi au nom des hommes d’état du parti modéré, que le journal