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qui se fait le plus spécialement leur organe demande la modification des lois de septembre ? Est-ce un des ministres qui a travaillé à la confection de ces lois, qui laisse imprimer, avec son autorisation, que, parmi ceux qui ont voté la législation de septembre avec le plus de conviction, il y en a beaucoup qui se demandent, avec raison, si ces lois s’accordent avec l’époque actuelle et la disposition présente des esprits ? Il faut donc s’attendre à voir la proposition de réviser ou d’abroger les lois de septembre, ajoutée à toutes celles que la chambre aura à essuyer dans la prochaine session. Quant à celle-ci, les pièces seront faciles à recueillir ; elles se trouvent toutes dans le salon de lecture de la chambre des députés. La chambre n’aura qu’à se faire apporter les journaux et à les lire à la tribune ; elle nous dira ensuite si le moment est bien choisi pour proposer l’abolition des lois de septembre !

Nous avons vu souvent combattre un ministère, ou, pour être plus exacts, un gouvernement ; mais jamais on n’a employé les armes dont on se sert actuellement. On en vient à un sentiment qui tient de l’admiration, à la vue de cette activité infatigable et de ce labeur prodigieux. Chaque jour amène un flux toujours croissant de fausses nouvelles, d’injures et de calomnies, si grand, qu’il faudra bientôt renoncer à les enregistrer et à les démentir. Dans cette alliance des partis, qui s’est faite au commencement de la session dernière, c’est à qui fournira sa part avec une conscience sans égale ; légitimistes, républicains, journaux se disant modérés, chacun travaille à sa manière, mais tous dans un seul et même but. Le roi, les ministres, les fonctionnaires, les citoyens amis de l’ordre, tous ceux qui ne désespèrent pas de la possibilité de maintenir le pays dans la prospérité et le calme dont il jouit au milieu de cette exaspération quotidienne, sont chaque jour en butte à de violentes attaques, et c’est à ce moment qu’on vient demander l’abrogation des lois de septembre ! Les écrivains qui font cette pétition ne lisent donc pas leurs propres écrits ? Un seul fait autoriserait, à nos yeux, la demande qu’on propose, c’est que les lecteurs des journaux les plus effervescens se chargent eux-mêmes de la répression de la presse, en cessant de la lire. Ainsi, le chiffre des feuilles quotidiennes envoyées au timbre et à la poste a encore diminué depuis un mois. Le Journal des Débats est à peu près le seul qui fasse exception, et qui soit en progrès. Les lecteurs se montrent donc plus rigoureux envers la presse que la législation de septembre, qu’on applique avec tant de modération. Si le gouvernement imitait l’administration anglaise, qui publie, chaque mois, la liste et le nombre des feuilles envoyées au timbre, cette mesure suffirait peut-être pour maintenir la presse dans des limites qui lui seraient favorables, et pour la diriger dans un esprit de modération qui tournerait à son profit.

Voici quelques-uns de ces chiffres qui appartiennent de droit à la publicité ; le premier tableau est celui de la poste, le second est celui du timbre :