Où, fatigué du monde, il veut, libre du moins ;
Et jouir de lui-même, et rêver sans témoins ;
Alors je reviendrai, Solitude tranquille,
Oublier dans ton sein les ennuis de la ville,
Et retrouver encor, sous ces lambris déserts,
Les mêmes sentimens retracés dans ces vers.
Le Jour des Morts offre plus de composition que la Chartreuse ; c’est moins une méditation, une rêverie, et davantage un tableau. Il dut plaire plus vivement peut-être aux contemporains ; il a plus passé aujourd’hui. Le XVIIIe siècle y a jeté de ses couleurs de convention. Ce curé de village, rustique Fénelon, qu’on n’ose pas appeler curé, et qui n’est que pasteur, mortel respecté, homme sacré, ce prêtre ami des lois et zélé sans abus, qui n’ose faire parler la colère céleste contre le mal, et qui ne sait qu’adoucir la tristesse par l’espérance, est un de ces chrétiens comme on aimait à se les figurer à la date de la Chaumière indienne. On se demande si le poète partage absolument l’esprit du spectacle qu’il nous retrace avec tant d’émotion. À un endroit de la première version du Jour des Morts, il était question de destin. Plus d’un vers reste en désaccord avec le dogme ; ainsi, lorsqu’il s’agit, d’après Gray, de ces morts obscurs, de ces Turenne peut-être et de ces Corneille inconnus :
Eh bien ! si de la foule autrefois séparé,
Illustre dans les camps ou sublime au théâtre,
Son nom charmait encor l’univers idolâtre,
Aujourd’hui son sommeil en serait-il plus doux ?