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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 décembre 1838.


Nous ne savons si le parti doctrinaire exerce sur la coalition une influence absolue, comme il le prétend ; mais il est certain, à voir ce qui se passe, que son esprit y domine. Deux candidats avaient été proposés, dès la convocation des chambres, pour la présidence de la chambre des députés. Un des organes libéraux les plus avancés de la coalition proposait M. Guizot, et le Constitutionnel, organe des anciens ministres du 22 février et de quelques-uns de leurs amis, se déclarait pour la présidence de M. Odilon Barrot. Nous avons rapporté les raisons qu’on donnait de part et d’autre pour motiver ces choix, raisons excellentes, sans doute, et tout-à-fait constitutionnelles, comme toutes celles que donne la coalition. Ainsi, pour M. Guizot, il était juste, disait-on, qu’un homme aussi considérable fût pourvu, et comme la coalition devait infailliblement avoir pour résultat d’amener au ministère le centre gauche de l’opposition, il fallait se hâter de dédommager ces alliés généreux et désintéressés, en plaçant un de leurs chefs dans une situation un peu passive, il est vrai, mais éminente. Le Constitutionnel donnait, en faveur de M. Odilon Barrot, des raisons non moins concluantes. Il paraît toutefois que la coalition est destinée, ainsi que nous l’avons toujours dit, à ne s’accorder que lorsqu’il est question de détruire. Ne pouvant s’entendre sur le choix d’un candidat, elle marche tout-à-fait d’ensemble pour attaquer M. Dupin. Il est vrai que les partis coalisés ont déclaré unanimement qu’ils ne se sont réunis que pour renverser, que pour abattre, mission dont ils s’acquittent en conscience.

Le signal des attaques de la coalition contre M. Dupin a été donné par le parti doctrinaire. Le député appelé sept fois par la chambre à l’honneur de la présider, l’homme politique à qui on a encore plus souvent offert le ministère, et qui a lassé les partis de ses refus, a été menacé d’étranges révé-