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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 17.djvu/180

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REVUE DES DEUX MONDES.

parentes, se plaît à confondre les Illiâts, nom générique des tribus nomades de la Perse, avec les Eleuths, qui habitent, à six cents lieues de là, le grand désert à l’ouest de la Chine ; il supplée de son chef aux lacunes des voyages au pôle et fait une île du Groënland ; il oublie de combiner ses données orthographiques, de manière à ne pas tomber dans des contradictions flagrantes, et écrit tantôt Sapor, tantôt Chapour, deux noms identiques. Dans la partie statistique de la France, si riche en documens officiels, les erreurs fourmillent. Les divisions militaires sont inexactement énoncées ; la population de grandes villes comme Lyon et Marseille, est évaluée d’une manière fautive. Pendant que l’Abrégé consacre une page entière à des îlots sans habitans, il néglige Tarare et Saint-Quentin, cités industrieuses, qui n’ont pas même une mention. Un travail sur les canaux, dont M. Balbi paraît être sérieusement épris, offre à son tour les caractères d’une préférence malheureuse. L’auteur déclare, la main sur le cœur et avec assurance, que c’est le tableau de la matière le plus complet qui ait été dressé, et voici ce qui y manque : 1o le canal des Ardennes, qui unit la Meuse à l’Aisne dans un développement de 39,214 mètres ; 2o le canal d’Arles à Bouc, avec 45,883 mètres de parcours ; 3o le canal du Blavet dans le Morbihan, sur 59,818 mètres ; 4o le canal de Niort à la Rochelle, sur 78,000 mètres ; 5o le canal des Étangs et celui de Beaucaire, sans compter des canaux de moindre importance, comme ceux de la Sensée, d’Aire à la Bassée, etc., etc. Il est vrai que, pour rétablir l’équilibre, à côté de ces canaux existans et omis, l’Abrégé en cite d’autres qui sont imaginaires ; le canal de Bretagne, par exemple. Il y a trois canaux en Bretagne, mais de canal de Bretagne, proprement dit, avant M. Balbi, on n’en connaissait pas, et après M. Balbi, il faudra le chercher encore.

Si l’on voulait tout éplucher ainsi, l’Abrégé serait bientôt réduit à rien. Chaque population de ville pourrait être discutée dans ses termes et rétablie sur un autre pied ; il y aurait à revenir sur tout : sur la statistique, sur les détails historiques, sur l’authenticité et la sincérité des sources, sur la valeur comparée des documens. Bornons-nous à demander à M. Balbi où il a vu que Mélinde, capitale du royaume de ce nom, est située à l’embouchure d’un grand fleuve nommé Quilimancy ? Dans Malte-Brun, sans doute, qu’il a copié plus d’une fois, tout en le rangeant peut-être parmi les géographes routiniers. Mais d’abord Malte-Brun n’a présenté ce fait que comme une hypothèse résultant de reconnaissances fort anciennes, et ensuite il