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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 17.djvu/21

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DES SYSTÈMES HISTORIQUES.

couronne, l’association au trône, le droit d’aînesse, le sacre, le domaine des rois, les cours plénières et d’autres institutions de la troisième race ; puis, l’absence de toute dissertation revient après ce volume, et se prolonge jusqu’à ceux qui, postérieurs à la révolution française, appartiennent au XIXe siècle et à dom Brial, le dernier des bénédictins, devenu membre de l’Institut.

On avait moins à demander, en fait de conclusions historiques, aux éditeurs du recueil des ordonnances des rois de la troisième race ; leur cercle était plus borné, mais, dans ce cercle même, ils auraient pu faire davantage pour l’interprétation des monumens qu’ils rassemblaient. Laurière et Secousse, dont les noms se succèdent en tête de ce recueil conduit par eux jusqu’au neuvième volume, n’ont traité, dans leurs préfaces, que des points isolés ou secondaires de l’ancienne législation française. Les amortissemens, les francs fiefs, le droit d’aubaine, le droit de bâtardise, les guerres privées, les gages de bataille, l’arrière-ban, les monnaies, surtout le domaine de la couronne du XIIe au XVe siècle, sont les principaux thèmes de leurs dissertations qui offrent seulement, çà et là, quelques pages sur les états-généraux et particuliers du royaume. Les réformes législatives de saint Louis avec leurs conséquences politiques, la transformation du droit coutumier sous l’influence du droit romain, cette marche graduelle vers l’unité sociale qui se poursuit de règne en règne, tantôt sur un point, tantôt sur l’autre, rien de tout cela n’est signalé par les deux savans éditeurs auxquels, certes, la sagacité ne manquait pas. Des considérations de détail, qu’ils jettent comme au hasard, les occupent uniquement, et il faut aller jusqu’au tome XI pour trouver une question véritablement grande, celle des communes, traitée en 1769 par leur successeur, Bréquigny. Je m’arrête sur ce nom déjà célèbre et qui doit grandir de nos jours, car c’est celui de l’homme aux travaux duquel se rattache une entreprise colossale, tentée par le siècle dernier, interrompue à son commencement, et que notre siècle veut reprendre, la collection générale des chartes, diplômes, titres et actes concernant l’histoire de France.

Feudrix de Bréquigny, d’une famille noble de Normandie, s’était montré, dès sa jeunesse, passionné pour la carrière de l’érudition. Après avoir, durant vingt ans, partagé ses études entre l’antiquité classique et le moyen-âge, il se livra tout entier à la recherche et à la publication des monumens de notre histoire. Plus de cent registres in-folio, conservés à la Bibliothèque royale, sont remplis des pièces qu’il a retrouvées et transcrites à la Tour de Londres et dans les au-