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domptée, que les agitations locales se renouvelèrent de tous côtés, et que le sort de l’Irlande sembla rester, comme par le passé, à la merci de la première invasion heureuse. De nombreuses améliorations furent apportées sans doute au sort de ce pays, son commerce fut dégagé d’entraves odieuses, son agriculture reçut des encouragemens réitérés, des sommes considérables y furent dépensées par la législature britannique ; celle-ci, en dotant l’institution ecclésiastique de Mainooth, donna même un premier gage de respect à la foi de la majorité nationale, se départissant, cette fois, d’un principe jusqu’alors immuable pour elle. Tous ces bienfaits semblèrent perdus, toutes ces avances parurent inutiles. L’émancipation catholique elle-même, si long-temps invoquée comme le terme de toutes les dissensions, l’ouverture d’une ère de réconciliation et de paix, l’émancipation fut conquise enfin sur les ennemis acharnés de l’Irlande, et elle était à peine votée, que ce pays voyait s’aigrir tous ses maux, s’élargir toutes ses blessures, et que, de 1830 à 1834, il parut près de s’abîmer dans le désordre. Est-ce donc à dire qu’on doive y désespérer de l’avenir, et que l’Irlande soit désormais incapable de correspondre aux bienfaits d’un gouvernement réparateur ? Rien ne justifierait de telles craintes, et nous l’établirons une autre fois, tout en constatant ce qui reste dans ce pays de maux peut-être irréparables. Comment s’en étonner en reportant sa pensée vers l’histoire ? comment ignorer que la justice d’un jour ne prévaut pas contre une tyrannie séculaire ?


L. de Carné.
(La dernière partie à un prochain no .)

    tion intérieure, on doit en rappeler les dispositions proposées par M. Pitt en 1799, et votées l’année suivante.

    Les deux îles sont unies en un seul royaume, sous le nom de royaume-uni de Grande-Bretagne et d’Irlande.

    La succession à la couronne reste telle quelle était. Le royaume-uni est représenté par un parlement commun, dans lequel un nombre de pairs et de membres des communes non encore réglé siège pour l’Irlande.

    Les églises d’Angleterre et d’Irlande sont maintenues telles qu’elles sont établies par la loi.

    Les sujets irlandais de sa majesté britannique ont les mêmes priviléges que ceux de la Grande-Bretagne pour le commerce et la navigation.

    Les mêmes droits sont acquittés par l’Angleterre et l’Irlande. Le paiement de l’intérêt de la dette de chaque royaume est toujours effectué séparément par l’Irlande et par l’Angleterre. Les dépenses ordinaires du royaume-uni sont payées en commun par les deux îles, d’après des proportions convenues et fixées.

    Toutes les lois en vigueur et toutes les cours ecclésiastiques et civiles de chaque royaume n’éprouveront que les changemens dont la nécessité serait démontrée par la suite au parlement-uni.

    Lors du vote définitif, il fut stipulé que l’Irlande fournirait au parlement quatre pairs spirituels et vingt-huit pairs temporels, et cent représentans à la chambre des communes. Nous avons dit ailleurs que le reform-bill avait élevé ce nombre à cent cinq. C’est contre cette fixation que proteste aujourd’hui l’Irlande.