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HISTOIRE
DES
CLASSES OUVRIÈRES
ET DES CLASSES BOURGEOISES,
PAR M. GRANIER DE CASSAGNAC.

S’il est un genre de littérature dont on ait de nos jours étrangement abusé, c’est, sans doute, l’histoire. Des esprits aventureux et hardis y ont cherché les systèmes les plus extravagans, les idées les plus bizarres, et telle qu’une pythonisse mercenaire, l’histoire a paru rendre tous les oracles que lui demandaient ces faux prêtres. L’histoire se ferait-elle donc parfois complice de l’erreur ? ou bien ses dépositions seraient-elles si équivoques, que chacun pût les expliquer au gré de sa fantaisie ? Loin de là : il n’est pas de témoin plus véridique et plus incorruptible. Mais souvent l’histoire se tait ; et quand elle s’obstine à garder le silence, on ne doit l’interroger que par de timides conjectures, sous peine d’instruire sans preuves le procès du passé. Souvent aussi, lorsque l’histoire parle, ses réponses, comme celles de la sibylle du poète, se trouvent dispersées sur des milliers de feuilles volantes, et alors on doit indispensablement réunir les élémens épars de la réponse, sous peine de ne la jamais comprendre ou de l’interpréter faussement. Or, il existe aujourd’hui des écrivains qui, sans se préoccuper de cette nécessité de documens positifs, ou sans se mettre en peine de savoir si les témoignages qu’ils