l’histoire : « Faire l’histoire, même d’après autrui, c’est toujours se mettre dans la nécessité de juger les hommes, et, par conséquent, quelquefois de les condamner. Or, il eût paru intolérable aux capitaines ou aux hommes d’état de l’antiquité d’être appréciés par des esclaves. L’histoire devait donc être exclusivement écrite par des gentilshommes ; à peine trouverait-on à citer une ou deux exceptions. »
De la prose passons à la poésie. Ici M. Granier de Cassagnac se montre un peu plus libéral envers les affranchis, non toutefois sans leur imposer encore de nombreuses restrictions. Ainsi, à l’entendre, le théâtre fut exploité par des esclaves ; mais la poésie épique et lyrique appartint plus en propre aux gentilshommes.
Le premier mouvement littéraire qui se fit véritablement sentir à Rome lui fut, comme nous l’avons dit plus haut, imprimé par Cratès. Rome cependant alors avait déjà entendu dans sa langue des essais qui, pour être informes et rudes, ne manquaient parfois ni d’élévation, ni de force. Mais ces ouvrages, d’inspiration grecque, étaient aussi exécutés par des Grecs, et Rome en ce moment assistait à l’ébauche de sa littérature plutôt qu’elle n’y prenait réellement part. Débarrassée de Carthage, son unique rivale et son seul ennemi sérieux, elle s’enquit par désœuvrement de ce qu’il pouvait y avoir d’intéressant dans Thespis, Eschyle, Sophocle ;
....Post Punica bella quietus, quærere cœpit
Quid Sophocles, et Thespis, et Eschylus utile ferrent.
- ↑ Vindiciæ tragædiæ Romanæ, Lips., 1822.