Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 17.djvu/580

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
576
REVUE DES DEUX MONDES.

Je n’en ai pas moins une entière confiance dans un dénouement pacifique et prochain. De grands intérêts, chaque jour plus compromis, l’exigent impérieusement, et le gouvernement belge ne voudra point achever la ruine de la Belgique par une résistance insensée. L’excellent discours de lord Palmerston sur cette question dans la chambre des communes a dissipé les dernières illusions que pouvaient encore se faire quelques esprits trop lents à se convaincre ; et en face de l’Europe unanimement résolue à maintenir le traité de 1831, la Belgique n’a plus, ce semble, qu’à exécuter elle-même ses engagemens. Il n’y a ni faiblesse ni honte à garder la foi jurée. Que la France puisse ou doive lui prêter main forte pour la violation des traités qui les obligent l’une et l’autre, c’est ce que je ne comprendrai jamais. Ce serait alors une immense duperie que de n’avoir pas fait la guerre en 1830 pour reprendre la Belgique qui s’offrait à nous, sans lui laisser le temps de constituer tant bien que mal sa nationalité dont elle doutait fort à cette époque. Mais, après un pareil sacrifice, il serait insensé de violer les traités de la révolution de juillet, pour que la Belgique eût deux chétifs arrondissemens de plus, quand nous n’avons pas violé en 1830 ceux de la restauration pour recouvrer neuf départemens admirables. Mon patriotisme est plus exigeant. Si la France consent à ne pas s’agrandir, qu’elle jouisse au moins des douceurs et des avantages de la paix : mais le jour où elle fera la guerre, que ce soit pour y gagner quelque chose.

P. S. J’apprends à l’instant que les chambres belges, prorogées au 4 mars, sont convoquées pour le 19 février. J’ai lieu de croire que les communications qui leur seront faites par le ministère auront un caractère pacifique.



V. de Mars