en nouvelles. La forme dialoguée, choisie par Mme Mary-Meynieu, communique également à son abrégé une sorte de mouvement dramatique. Les doctrines dont elle se fait l’interprète sont empruntées sagement aux autorités les plus sûres, et la controverse, établie entre le maître et l’élève, les fait ressortir avec vivacité. L’intention qui a destiné un pareil ouvrage aux écoles normales primaires est des plus louables. L’auteur s’est dit sans doute qu’il serait heureux que chaque instituteur de village comprît assez bien le mécanisme des sociétés pour dissiper, dans sa petite sphère, l’opposition que l’ignorance apporte aux progrès. Pourquoi donc, à la lecture, n’avons-nous pu nous défendre d’une impression triste ? C’est que nous songions à l’effet que pourrait produire, dans une classe d’adolescens, ces douloureuses vérités que Malthus n’a formulées que pour les hommes d’état ; c’est qu’il nous semblait voir toute une école dépouiller le sourire, cette fraîche parure de la jeunesse, à certains passages, comme ceux qui recommandent à la classe ouvrière la prudence dans le mariage, si elle ne veut pas voir venir les fléaux mortels pour saisir ses enfans et les dévorer.
La plupart des ouvrages que nous avons à signaler se présentent comme des travaux d’érudition. M. Blanqui aîné s’est tracé un cadre bien vaste, en essayant une Histoire de l’Économie politique, depuis les temps anciens jusqu’à nos jours[1]. Il nous coûte de renouveler les critiques justement provoquées par un livre qui manquait à la science, et qui peut être encore utile, malgré ses imperfections. Le but de l’auteur, avoué dans son introduction, a été « de populariser la science économique, en montrant qu’on en trouve les élémens dans l’histoire des peuples aussi bien que dans les écrits des économistes. » Le vague d’un pareil plan et l’absence de méthode ont dû engendrer tous les défauts qui annulent l’effort d’un mérite réel. Au lieu d’écrire l’histoire d’une science, de tracer une monographie, M. Blanqui s’est perdu dans le champ sans bornes de l’histoire générale : il a rappelé toutes les révolutions sociales ; il a essayé d’en dire les causes et les effets, d’expliquer, par la théorie, les tâtonnemens aveugles de l’humanité. Il eût été beaucoup plus instructif en se renfermant dans le programme annoncé par le titre, en exposant l’origine et la fortune des doctrines vraiment scientifiques, des réalisations tentées en vertu d’un système ; soit qu’il eût fait connaître chronologiquement les diverses écoles, soit qu’il eût étudié séparément les grands problèmes économiques et exposé les solutions fournies par chaque époque, ainsi qu’il l’a fait, pour le système monétaire, dans l’un des chapitres les plus heureux de l’ouvrage.
Vouloir expliquer le régime intérieur de toutes les sociétés anciennes et modernes, c’était se condamner à des omissions et à des erreurs sans nombre. Les érudits, les antiquaires, qui depuis des siècles encombrent les bibliothèques de dissertations et de mémoires, ne sont pas en mesure de répondre aux questions que l’économiste devrait leur adresser. Les races les plus in-
- ↑ Chez Guillaumin, passage des Panoramas, 2 vol. in-8o