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LA HONGRIE.

quelques travaux, entre autres une église grecque, une fort belle caserne et une assez jolie maison, pompeusement décorée du nom de palais. Quelques négocians étrangers se sont établis à Belgrade. La Russie, l’Angleterre et l’Autriche y ont, depuis quelque temps, placé des consuls ; la France vient aussi d’y envoyer un agent : Milosch est donc enfin reconnu souverain par la diplomatie. J’ai vivement regretté de ne pouvoir pousser jusqu’à Kraguyéwatz, pour rendre une visite à ce prince paysan ; j’aurais voulu me former une opinion sur les réformes qu’il a entreprises avec tant d’audace. J’ai beaucoup causé de la Servie et avec des hommes capables : tous m’ont donné sur ce pays des notions si différentes, si opposées, que, désespérant d’y découvrir la vérité, je m’abstiendrai de les rapporter. On m’avait dit que les troupes serviennes étaient ridicules ; j’ai vu un bataillon de ces troupes parfaitement tenu, commandé par des officiers russes. L’armée de ligne pourrait facilement se composer de soixante mille hommes, et les défilés de la Servie deviendraient des Thermopyles.

Les Serviens font, avec l’Autriche et la Hongrie, un commerce considérable de bestiaux ; Milosch s’était réservé de nombreux monopoles, il y a renoncé par une ordonnance publiée en novembre 1837, dans la gazette de l’état.

J’ai peu de choses à dire de Semlin. Comme Belgrade, son antique rivale, cette ville a perdu beaucoup de son importance. Malgré ses remparts de gazon et les marais assez profonds qui l’avoisinent, elle ne peut plus compter au nombre des places fortes. Sa position l’appelle à jouer désormais un rôle plus pacifique ; elle est l’entrepôt naturel du commerce du Bannat et de la Servie avec la Hongrie et l’Autriche. Un négociant de Semlin a épousé depuis peu la fille du prince Milosch.


Édouard Thouvenel.