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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 18.djvu/230

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REVUE DES DEUX MONDES.

sage doit se tenir en garde contre toi… Les arts devraient être proscrits de la république idéale… Non ! non ! des sons ne sont pas des idées… la musique peut tout au plus rendre des sensations… et encore sera-ce d’une manière très vague et très imparfaite…

thérèse, accourant.

Maître Albertus, Hélène est réveillée ; elle cherche sa lyre avec inquiétude.

albertus.

Je vais la lui porter. (À part.) C’est la seule joie de cette pauvre créature… Je lui rendrai la lyre et ne l’écouterai plus. (À Wilhelm, Hanz et Carl, qui s’avancent d’un autre côté.) Mes enfans, la logique gouverne l’univers, et ce qui ne peut être démontré par elle ne peut passer en nous à l’état de certitude. — Préparez tout pour la leçon ; je suis à vous dans l’instant. (Il sort.)

hanz.

Il me paraît que son bon génie a pris le dessus.

carl.

C’est possible ; mais sa figure est bien altérée. Croyez-moi, il est amoureux d’Hélène : on ne peut être amoureux et philosophe en même temps.

wilhelm.

Ne parlons pas légèrement de cet homme. Il souffre ; mais son ame ne peut que grandir dans les épreuves. (Ils sortent.)

méphistophélès.

Très bien ! Je les lui ferai telles qu’elle n’y résistera pas. Puisque Hélène ne m’appartient plus, puisque l’esprit triomphe, ma haine retombera tout entière sur le philosophe, et son ame est la lyre que je saurai briser.


George Sand.
(La seconde partie au prochain no .)