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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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14 avril 1839.


Parlerons-nous de la vérification des pouvoirs qui se fait depuis huit jours et plus dans la chambre des députés, de ces discussions presque toujours personnelles où les principes et les choses changent à chaque moment, selon les passions des partis : triste et longue préface d’une courte session, où rien d’utile, rien de bienfaisant ne peut avoir lieu pour la France ? Entrerons-nous dans le détail des tracasseries locales, et nous ferons-nous les historiens de ces mesquines luttes où les vainqueurs viennent encore s’acharner sur les vaincus ? Ces débats n’auraient pas plus d’importance que les procès communaux qui se jugent à l’ombre du clocher, s’il n’en devait résulter que quelques injustes exclusions ; mais l’opposition avancée veut en faire sortir une commission d’enquête, une cour prévôtale des élections qui évoquera à elle tous les actes électoraux, et une sorte de tribunal ambulatoire qui s’arrogera le droit d’examiner toutes les archives de l’administration.

Les meilleures raisons ont déjà été alléguées à ce sujet. On a dit avec beaucoup de justesse qu’un tel tribunal se placerait à la fois au-dessus de la chambre élective et au-dessus des deux autres pouvoirs, et que, durant l’exercice de ses fonctions, le pouvoir exécutif et la chambre elle-même seraient comme suspendus. La coalition avait fait insérer dans tous ses journaux l’avis aux fonctionnaires de soutenir ses candidats, ou de s’attendre à une destitution le jour de la victoire ; aujourd’hui, elle veut réaliser sa menace. On a beau voiler sa pensée, l’enquête n’aurait pas un autre but. Encore si ce n’était là que son seul résultat, pourrions-nous renoncer à la combattre. Nous nous sommes toujours attendus à voir l’opposition faire tout ce qu’elle avait blâmé précédemment ; mais laisser suspendre le peu