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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 18.djvu/521

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DE L’IRLANDE.

SECONDE PARTIE.[1]

On aime à suivre dans l’histoire d’un peuple long-temps opprimé la pensée à laquelle se rattachera sa délivrance. Humble d’abord et timide, elle se produit comme une supplication dédaignée des vainqueurs, puis s’affermit à mesure que ceux-ci se divisent, ou qu’ils souffrent eux-mêmes de la désolation qu’ils ont faite. S’essayant à son début dans des manœuvres clandestines, cette pensée ose bientôt des tentatives plus hardies. Celles-ci échouent d’ordinaire faute de concert et d’ensemble ; mais le sang qui coule n’affaiblit pas les causes nationales : à ce prix seul elles achètent l’expérience qui remplace les élans de la précipitation individuelle par des efforts mieux combinés. Au lieu d’agir isolément, on accepte donc une direction commune ; on devient d’autant plus mesuré qu’on est plus ferme dans sa marche, et qu’on perçoit plus distinctement son but. Si un homme s’élève alors d’une trempe assez forte pour faire vibrer toutes les cordes populaires en même temps que pour dominer, par le calme de sa pensée, cette tempête de passions ; s’il sait être prudent jusque dans ses agressions les plus audacieuses, et s’assurer le bénéfice de la force matérielle, sans cesser jamais de s’appuyer sur celle du droit,

  1. Voyez la livraison du 1er février.