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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 18.djvu/670

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SIDOINE APOLLINAIRE.[1]

Sidoine Apollinaire naquit à Lyon en 430 ; sa famille, de laquelle on a fait descendre les Polignac, était une des plus considérables de la Gaule méridionale, et son existence fut tout ensemble celle d’un grand seigneur et celle d’un bel esprit. Sidoine fut gendre de l’empereur Avitus, et par là se trouva l’allié des Avitus, nom considérable de l’Auvergne, illustré déjà dans l’église par saint Avit, évêque de Vienne.

Ce fut la fille du futur empereur qui apporta en dot à Sidoine cette belle terre d’Avitacum, que les uns placent au bord du lac de

  1. Le cours professé au collége de France par M. J.-J. Ampère, sur les origines de notre littérature, lui a fourni les matériaux d’un livre depuis long-temps attendu, et dont les deux premiers volumes vont paraître à la librairie de Hachette. L’ouvrage fort estimable des bénédictins était jusqu’ici le seul monument important sur la culture intellectuelle de la France avant le XIIe siècle ; mais, accepté seulement des érudits, ce recueil n’avait guère abordé le côté païen long-temps prédominant, et la biographie n’y laissait presque aucune place aux appréciations littéraires et aux généralisations historiques. Par l’étendue de sa science et de son esprit, M. Ampère était appelé plus que personne à écrire l’histoire si intéressante de nos origines littéraires. Là où les bénédictins n’avaient vu que le côté théologique, M. Ampère voit, comme M. Guizot, le côté humain, et fait servir l’étude des lettres à celle de la civilisation. Les deux volumes qu’il va d’abord publier commencent aux traditions ibériennes et celtiques et se terminent aux légendes. Ils embrassent par conséquent les restes de la culture païenne, l’influence barbare et l’influence chrétienne. Les remarquables travaux si souvent fournis à la Revue par M. Ampère, ont familiarisé d’avance nos lecteurs avec ces études. Le morceau sur Sidoine Apollinaire est détaché de l’Histoire littéraire de la France avant le douzième siècle, que nous aurons à juger et à examiner plus tard.