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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/13

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GABRIEL.

N’importe, ce qui est fait est fait. — Il entre dans sa dix-septième année ; il doit être d’une assez jolie taille ?

LE PRÉCEPTEUR.

Il a plus de cinq pieds, monseigneur, et il grandit toujours et rapidement.

LE PRINCE

En vérité ! Le destin nous aide en effet ! Et la figure, est-elle déjà un peu mâle ? — Déjà ! Je voudrais me faire illusion à moi-même… Non, ne me dites plus rien ; je le verrai bien… Parlez-moi seulement du moral, de l’éducation.

LE PRÉCEPTEUR.

Tout ce que votre altesse a ordonné a été ponctuellement exécuté, et tout a réussi comme par miracle.

LE PRINCE.

Sois louée, ô fortune !… si vous n’exagérez rien, monsieur l’abbé. Ainsi, rien n’a été épargné pour façonner son esprit, pour l’orner de toutes les connaissances qu’un prince doit posséder pour faire honneur à son nom et à sa condition ?

LE PRÉCEPTEUR.

Votre altesse est douée d’une profonde érudition. Elle pourra interroger elle-même mon noble élève, et voir que ses études ont été fortes et vraiment viriles.

LE PRINCE.

Le latin, le grec, j’espère ?

LE PRÉCEPTEUR.

Il possède le latin comme vous-même, j’ose le dire, monseigneur, et le grec… comme…(Il sourit avec aisance.)

LE PRINCE

Comme vous, l’abbé ? — À merveille, je vous en remercie, et vous accorde la supériorité sur ce point. Et l’histoire, la philosophie, les lettres ?

LE PRÉCEPTEUR.

Je puis répondre oui avec assurance ; tout l’honneur en revient à la haute intelligence de l’élève. Ses progrès ont été rapides jusqu’au prodige.

LE PRINCE.

Il aime l’étude ? Il a des goûts sérieux ?

LE PRÉCEPTEUR.

Il aime l’étude et il aime aussi les violens exercices, la chasse, les armes, la course. En lui, l’adresse, la persévérance et le courage