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de la douceur du ciel et de la fertilité de la terre, comprendre si mal la destinée que tant d’avantages lui réservaient. Interrogez ceux qui se plaignent, ceux qui se révoltent en France. Que demandent-ils, qu’exigent-ils ? Une existence occupée, du travail. Ceux-là même qui ont d’autres désirs, qui veulent renverser l’état social pour en créer un autre, quel moment choisissent-ils pour exécuter leurs projets ? Une époque de misère et de malheur, et ils s’adressent à ceux qui manquent de pain et de travail ? Le gouvernement anglais a tenté tous les moyens d’accroître l’industrie et le bien-être du pays ; son œil vigilant a pénétré dans les ports, dans les marchés du monde entier, pour s’assurer s’il pouvait s’y trouver un mouillage nouveau pour nos navires marchands, et un magasin de plus pour nos produits. Quelle serait actuellement la situation de l’Angleterre, si son gouvernement n’avait été si exclusivement préoccupé de ses intérêts ? Cette politique de boutiquiers a donné plusieurs fois à l’Angleterre l’empire du monde, et il ne lui est disputé aujourd’hui que par les nations qui commencent à s’élever au rang de peuple boutiquier. La France a plus que l’empire du monde à acquérir par une politique semblable ; elle peut conquérir ainsi la paix intérieure, abattre les factions, ôter tout prétexte aux cris furieux de ses républicains et de ses légitimistes, qui offrent à la partie souffrante de la nation un avenir qu’ils ne pourraient lui donner, mais que le gouvernement actuel de votre pays réaliserait en peu d’années, s’il visait à la proie, au lieu de s’élancer, comme il le fait, vers l’ombre. Voici, monsieur, les conseils d’un ami et non d’un allié, et surtout d’un allié anglais ; c’est un peu malgré moi que je vous les donne ; mais je ne puis garder pour moi seul ces pensées charitables en voyant la manière dont vos députés et vos publicistes entendent l’alliance anglaise. Croyez-moi donc votre sincèrement dévoué.