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DE
L’ÉTAT DES PERSONNES
DANS LA MONARCHIE DES FRANCS.[1]

On observe dans les chartes et dans les autres documens des deux premières races quatre principales classes de personnes : les hommes libres, les colons, les lides et les serfs. L’homme perdait de plus en plus de sa liberté à mesure que de la première classe il descendait dans les trois autres. L’état du colon était meilleur que celui du lide, et l’état du lide meilleur que celui du serf. Ces trois états, qui finirent par se confondre, restaient séparés dans le principe par des barrières insurmontables. On se formera tout de suite une idée de chacun d’eux, si l’on se représente le colon comme astreint au service de la terre, le lide primitif ou lète, lœtus, au service des armes, et l’esclave à celui des personnes, c’est-à-dire que la servitude du premier était terrienne ; celle du second, militaire, et celle du troisième, personnelle.

DES HOMMES LIBRES

L’homme libre du moyen-âge est en quelque sorte défini par la formule ordinaire des actes d’affranchissement ; c’est l’homme qui

  1. La Revue, dans son numéro du 15 avril 1838, contenait, sur l’état des personnes et des terres en France, un article qui sert d’introduction à celui que nous publions aujourd’hui, et qu’un travail analogue sur les lides et les serfs complètera plus tard. Nos lecteurs accueilleront sans doute avec faveur les recherches de M. Guérard sur un point important de notre histoire nationale. Les travaux antérieurs de M. Guérard à l’Institut et à l’École de Chartes le mettaient mieux que personne à même de porter la clarté en ces difficiles et obscures questions.