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GABRIEL.

LE PRÉCEPTEUR.

Il ne vous en a donc jamais fait aucun ?

ASTOLPHE.

Elle m’a juré fidélité à la face du ciel.

LE PRÉCEPTEUR.

S’il a fait ce serment, il l’a tenu, et il le tiendra toujours.

ASTOLPHE.

Mais elle ne m’a pas juré obéissance.

LE PRÉCEPTEUR.

S’il ne l’a pas voulu, il ne le voudra pas, il ne le voudra jamais.

ASTOLPHE.

Il le faudra bien, pourtant ; je l’y contraindrai.

LE PRÉCEPTEUR.

Je ne le crois pas.

ASTOLPHE.

Vous oubliez que j’en ai tous les moyens. Son secret est en ma puissance.

LE PRÉCEPTEUR.

Vous n’en abuserez jamais, vous me l’avez dit.

ASTOLPHE.

Je la menacerai !

LE PRÉCEPTEUR.

Vous ne l’effraierez pas. Il sait bien que vous ne voudrez pas déshonorer le nom que vous portez tous les deux.

ASTOLPHE.

C’est un préjugé de croire que la faute des pères rejaillisse sur les enfans.

LE PRÉCEPTEUR.

Mais ce préjugé règne sur le monde.

ASTOLPHE.

Nous sommes au-dessus de ce préjugé, Gabrielle et moi.

LE PRÉCEPTEUR.

Votre intention serait donc de dévoiler le mystère de son sexe ?

ASTOLPHE.

À moins que Gabrielle ne s’unisse à moi par des liens éternels.

LE PRÉCEPTEUR.

En ce cas, il cédera, car ce qu’il redoute le plus au monde, j’en