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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/431

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REVUE. — CHRONIQUE.

sur d’autres sujets. Les noms des hommes les plus éminens de l’Université et de l’Institut : MM. Augustin Thierry, Cousin, Fauriel, Jouffroy, Letronne, Ampère, Magnin, Sacy, Saint-Marc Girardin, Mignet, Nisard, etc., et du ministre de l’instruction publique actuel lui-même, sont des garanties suffisantes, et prouvent que le gouvernement a fait un acte de justice en approuvant des travaux signés de pareils noms. Nous en appelons à tous les hommes impartiaux ; ils verront, sans nul doute, dans des souscriptions accordées de cette sorte, autre chose qu’une transaction politique et une faveur.

Après avoir déploré l’injustice, un peu volontaire à notre égard, d’un homme instruit et d’un écrivain spirituel, il nous reste peu de chose à répondre à M. Combarel de Leyval, qui n’a vu dans la souscription du ministre qu’une allocation, bien faible, il est vrai, mais qui n’engage à rien ceux qui en sont l’objet. M. Combarel n’a qu’à se rendre dans la bibliothèque de son chef-lieu pour s’assurer de l’envoi de notre recueil dans les établissemens publics, et c’est là qu’il pourra lire notre réponse. Nous espérons que M. Combarel, rendu aux loisirs de la vie de province, nous lira plus souvent ; peut-être alors changera-t-il d’opinion, et pensera-t-il qu’au lieu de restreindre les souscriptions de ce genre, l’intérêt public voudrait qu’elles fussent étendues. Les notions utiles ne se répandent jamais trop, et les études littéraires bien dirigées n’ont jamais nui aux progrès d’une nation. M. Combarel, qui n’est pas étranger aux arts, puisqu’il a exécuté long-temps sa partie d’instrument dans l’orchestre d’un de nos théâtres, non lyriques, il est vrai, reviendra facilement à des idées plus libérales, nous l’espérons. Mais passons à des questions plus sérieuses.

Un journal a annoncé que le gouvernement français a adressé au ministère belge une note pour demander le paiement de la double intervention de l’armée française en Belgique, et quelques feuilles conseillent au gouvernement de presser cette réclamation. Selon ces feuilles, la Belgique nous doit son indépendance, nous avons sauvé Anvers menacé d’une destruction totale, et c’est bien le moins que nos voisins paient les frais des expéditions qui ont été faites dans leurs seuls intérêts. Peut-être le gouvernement français a-t-il adressé à ce sujet un memento au gouvernement belge ; mais nous ne croyons pas qu’il entre dans ses desseins de se placer vis-à-vis de la Belgique dans la situation d’un créancier rigoureux. Rien ne serait plus impolitique, en effet, que d’exiger des Belges le paiement immédiat ou même régulier des frais de l’occupation française. La France doit accoutumer la Belgique à demander et à recevoir nos secours dans toutes les occasions difficiles, car la Belgique est la frontière de la France, et en la secourant, la France se secourt elle-même. Que sera-ce donc si la Belgique sait qu’elle ne peut appeler les troupes françaises à son aide qu’en obérant son trésor ? Elle hésitera plus d’une fois à recourir à une protection aussi dispendieuse, et qui sait si un peuple aussi bon calculateur que l’est le peuple beige, ne préférera pas le risque d’une oppression douteuse au nord que les inconvéniens d’une dépense certaine au midi ? Nous avons du malheur en France. Nous abandonnons partout la politique des in-