Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/430

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
426
REVUE DES DEUX MONDES.

nérés de l’opposition formée contre le dernier ministère, l’usage des accusations d’immoralité et de corruption. Les petites circonstances particulières qui détachent quelques fragmens des partis politiques laissent toujours ces partis subsister, et nous voyons que la gauche avancée ne diminue ni d’ardeur ni d’impétuosité, si elle est destinée à décroître en nombre.

Pour passer du rigorisme qui se dément au rigorisme qui se borne à être injuste, nous opposerons quelques réflexions aux attaques dont ce recueil a été l’objet à la tribune, de la part de deux députés, M. Taschereau et M. Combarel de Leyval. Ces attaques, et c’est le nom qu’il faut donner aux discours des deux députés, ont eu lieu à l’occasion de quelques souscriptions prises par le dernier ministre de l’instruction publique. M. Taschereau a fait obligeamment remarquer que l’époque où ces souscriptions ont été faites, coïncide avec l’époque où ce recueil s’est montré plus favorable au gouvernement. Cette assertion était assez sérieuse pour qu’on y réfléchît avant de la porter à la tribune. Or, il était facile de s’assurer que nous nous sommes montrés favorables au gouvernement dès le 22 février, époque où le système tracassier que nous blâmions cessa, et fit place à la politique libérale et modérée apportée au pouvoir, à cette époque, par M. Thiers. Quand M. Molé, dont nous appelions l’administration depuis plusieurs années, vint au pouvoir, nous nous fîmes un devoir de le soutenir ; et, après avoir approuvé la marche de ce ministère, nous n’avons pas cessé de défendre ses actes depuis qu’il s’est retiré. Que deviennent, après ce simple exposé, les réflexions malveillantes de M. Taschereau ?

Nous avions donc donné notre approbation aux actes du gouvernement, deux ans avant qu’une seule souscription ministérielle eût été accordée à ce recueil, qui y avait bien droit, puisque de semblables souscriptions sont accordées à un recueil de peu d’utilité, tel que la Revue Rétrospective, dont M. Taschereau est le propriétaire et le fondateur. L’approbation que nous reproche M. Taschereau a cessé depuis quelques mois malgré les souscriptions ministérielles, et ce fait honore à la fois, ce nous semble, le ministère actuel et la Revue des deux Mondes. Les souscriptions accordées par le dernier ministère ne l’honoraient pas moins, car elles étaient accordées uniquement au recueil littéraire qui a répandu en France des connaissances sérieuses, utiles, et auquel ont concouru la plupart de nos savans et nos premiers écrivains. Si M. Taschereau avait pris connaissance de l’acte ministériel par lequel ces souscriptions ont été accordées, il aurait vu qu’elles avaient été prises en faveur des bibliothèques des départemens et d’autres établissemens publics, et que, par son arrêté, le ministre imposait à ce recueil la condition de consacrer un nombre déterminé de ses feuilles à l’examen spécial des ouvrages qui se rapportent à l’instruction publique, ainsi qu’à toutes les publications importantes qui ont trait à cette matière en France et dans les pays étrangers, en même temps qu’à l’histoire, à l’archéologie, aux sciences et aux belles-lettres. C’est en conséquence de cet arrêté que d’importans travaux ont été demandés à des hommes spéciaux, et qu’on a lu dans ce recueil des morceaux importans sur l’instruction publique en Angleterre, en Allemagne, dans le Nord, aux États-Unis, et