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DE
L’INDUSTRIE LINIÈRE
EN FRANCE
ET EN ANGLETERRE.

L’industrie du lin et du chanvre a subi depuis quelques années une rénovation complète, qui est devenue le signal d’une véritable révolution industrielle. Le problème de l’application de la mécanique au traitement de ces matières, problème sur lequel tant d’intelligences se sont exercées depuis un demi-siècle, a été résolu avec bonheur. Des machines ont été inventées, aussi puissantes, aussi parfaites que celles qui ont déterminé le développement inoui de la fabrication du coton, et, grace à l’emploi de ces merveilleux instrumens, le lin se travaille aujourd’hui avec une économie et une perfection dont on n’avait point d’idée. C’est ainsi que l’industrie linière est réservée à des destinées nouvelles, qui déjà commencent à se réaliser. Pendant long-temps l’usage de ses produits, s’il n’avait pas diminué, était demeuré comme stationnaire, malgré les progrès continus de la population et de la richesse, modéré qu’il était par l’invasion toujours croissante du coton ; mais aujourd’hui que cette industrie possède les mêmes élémens de puissance, elle s’avance à grands pas, et il est permis de croire qu’elle ne tardera pas à s’élever aussi haut que sa rivale. L’influence de ses progrès sera d’ailleurs plus sensible, parce que la plante qui fournit la matière première est un fruit propre à nos climats.

Toute l’Europe doit participer tôt ou tard aux bienfaits de cette révolution. Jusqu’ici pourtant l’Angleterre en a recueilli seule le bénéfice. C’est chez elle que les machines ont été, sinon inventées, au moins perfectionnées et mises en œuvre, et, par un esprit d’exclusion dont elle s’est fait une règle et que l’on