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manque de convois. Le blocus maritime de Saint-Sébastien n’est pas observé du tout ; l’ennemi a des communications constantes avec cette place par Saint-Jean-de-Luz et Bayonne. Il y a introduit des vivres de toute espèce, un renfort d’artilleurs et de sapeurs, et quelques officiers appartenant au service médical.

« Le fait des communications entre Saint-Sébastien et les ports de France est notoire à toute la terre, et le rapport sur l’assaut du 25 juillet, fait par le général Rey, a été publié par les journaux français.

« Dans l’attaque de la place maritime, nous avons reçu peu d’assistance des troupes de nos vaisseaux, mais les forces navales sont trop faibles sur cette côte pour nous donner le secours qu’il faudrait, et nous en souffrons beaucoup. Les soldats sont forcés de travailler, dans les transports, à décharger les vaisseaux, parce que les mains manquent, et nous avons été obligés de nous servir des bateaux du port de Passage, dirigés par des femmes, pour mettre à terre les provisions et effets d’ordonnance. Ces bateaux sont légers, d’une faible construction, et un certain nombre s’en est perdu. Or, le manque de bateaux apportera de grands retards dans les opérations du siége, et les soldats sont obligés de charger et de décharger ces bateaux, les femmes qui les dirigent n’étant pas propres à ce travail.

« Mon opinion est que, si nous avons une force navale suffisante, nous devons faire, le temps le permettant, une attaque du côté de la mer en même temps qu’une attaque contre les remparts. Cette double attaque divisera l’attention de l’ennemi, et préviendra beaucoup de pertes dans l’assaut, si elle n’en assure le succès.

« J’appelle encore l’attention de votre seigneurie sur les avantages qu’il y aurait à empêcher la navigation dite cabotage entre la Garonne, Bayonne et Saint-Jean-de-Luz. L’ennemi serait alors obligé de se servir des transports du pays pour former ses magasins de l’Adour ; le rassemblement de ses provisions serait retardé, la misère occasionnée par la guerre redoublerait, et en conséquence l’impopularité qui s’y attache, en France, augmenterait considérablement. Mais les forces de cette côte, insuffisantes pour le siége de Saint-Sébastien, suffiraient encore moins au blocus effectif des côtes entre la Garonne et Bayonne.

« Je n’ai jamais eu l’habitude de troubler le gouvernement par des requêtes ; mais j’ai toujours pourvu au service de mon mieux, à l’aide de ce qu’on mettait à ma disposition. Si donc les forces navales de l’Angleterre ne peuvent être portées à plus d’une frégate et d’un