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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/763

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DÉPÊCHES DU DUC DE WELLINGTON.

basque, en réponse à tous ceux qui lui adressaient leurs réclamations, même aux plus obscurs d’entre eux. Aux uns il recommande de se plaindre dès que le dégât a été commis par ses soldats, de le faire constater, de dire quels soldats, quelles divisions ont fait le mal, d’indiquer le jour, la semaine, afin qu’on puisse faire restituer et punir, car autrement les recherches seraient trop difficiles ; aux autres il écrit qu’on ne peut tout-à-fait éviter les inconvéniens qui sont la conséquence de la présence d’une grande armée, et en même temps il leur envoie des commissaires pour recueillir les preuves des dommages qui ont eu lieu et les faire estimer. Il y a même un certain bourgeois de Saint-Jean-de-Luz ou de Siboure, qui, ayant écrit au généralissime de trois armées en campagne, pour le prier de s’informer du sort de sa jument et de son fusil de chasse, qui ont disparu au milieu des désordres produits par le passage des divisions anglaise, portugaise et espagnole, reçoit la lettre suivante, écrite en français, pour plus de courtoisie.

« Au quartier-général, 2 avril 1814.
« Monsieur,

« J’ai reçu vos deux lettres relativement à votre jument et à votre fusil, et, ayant fait toutes les perquisitions possibles, je suis fâché de vous dire que je ne trouve ni l’une ni l’autre.

« Je vous serai bien obligé si vous voulez m’envoyer au quartier-général la personne qui sait où est la jument, et aussi la personne qui connaît celui qui a pris le fusil. Elles peuvent venir en toute sûreté, et je vous promets que, si vos propriétés peuvent se trouver, elles vous seront rendues.« J’ai l’honneur d’être, etc.


« Wellington. »

Je ne sais quelle impression produira cette simple lettre de six lignes sur ceux qui la liront ; mais, pour moi, j’en suis encore à me demander ce qui l’emporte dans ce petit écrit, ou plutôt ce qui l’a dicté, la bonhomie ou l’esprit, j’entends l’esprit d’organisation et de conduite.

D’un autre côté, lord Wellington écrivait à don Manuel Freyre cette lettre, également en français :

« Mon cher général, je vous envoie une plainte, et j’en reçois une pareille à chaque heure du jour (il répondait à toutes). Je vous prie de me faire dire s’il n’y a pas moyen de mettre fin à un mal qui détruira votre armée et la nôtre aussi. Je sais que cela peut s’empêcher, si les officiers en prennent la peine. Je vous prie d’y appeler leur