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DÉPÊCHES DU DUC DE WELLINGTON.

lord Wellington montre combien sa modération adoucissait, dans la forme, les mesures contraires aux droits des nations, que les puissances alliées avaient adoptées.

« La conduite du peuple des villages de Bydarry et de Baygorry m’a fait la plus grande peine ; elle est différente de celle de tous les autres habitans du pays, et ils n’ont pas le droit de faire ce qu’ils font.

« S’ils veulent faire la guerre, qu’ils aillent se mettre dans les rangs des armées ; mais je ne permettrai pas qu’ils fassent impunément tour à tour le rôle d’habitant paisible et celui de soldat.

« S’ils restent tranquilles chez eux, personne ne les molestera ; ils seront, au contraire, protégés comme le reste des habitans du pays que nos armées occupent. Ils doivent savoir que j’ai en tout rempli les engagemens que j’ai pris envers le pays ; mais je les préviens que, s’ils préfèrent me faire la guerre, ils doivent se faire soldats et abandonner leurs foyers : ils ne pourront pas continuer de vivre dans ces villages. »

« Au quartier-général, ce 28 janvier 1814[1]. »

Un évènement qu’on pouvait prévoir, l’arrivée du duc d’Angoulême au quartier-général de Saint-Jean-de-Luz, sembla devoir changer la position de l’armée ennemie, et dès ce moment, où une diversion de ce genre devait exercer dans les rapports de l’armée avec la nation une influence favorable aux vues de lord Wellington, nous allons recueillir, dans sa correspondance, de nouveaux et curieux témoignages de l’inexorable esprit de logique qui le dirige dans toutes les actions de sa vie.

Le duc d’Angoulême arriva au quartier-général anglais le 3 février 1814. L’armée austro-russe et toutes les troupes d’invasion du nord avaient alors affaire aux braves populations des départemens de l’est, et les souverains alliés, loin de croire à la possibilité de rétablir les Bourbons, arrêtèrent, le 25 du même mois, à Bar-sur-Aube, dans la chambre du général Knesebeck où ils s’étaient réunis, qu’on s’ef-

  1. Voici l’original de cette proclamation ; elle est en langue basque.

    « Baigorritar eta Bidarraïtarren eguiteco moldeac penaric haadiena eguin darot ; Bertce herritacoac ez beçala comportatcen dira, çucen ez dutelaric horla eguitecolz bijoaz Frances armadara.

    Ez dut permetituco içan ditcen gaur guerlari, eta bihor jende baquezco. Guelderic badaudez bere Etchetan, nihore ez ditu bilhatuco oz penatuco : aïteitic langunduac içanen dira bertce herrietatoac beçala. Jaquin beçate complitu ditulala herriari aguindu diotçadan gueiac ordean niri guerla nahi badautet eguin ; eguin bitoz soldadu, har betçate armac, eta utz bere Etcheac.

    « Cartier généraléan, 28 Urthehastearen 1814. »