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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/786

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pensées et seraient sujettes à de fâcheuses interprétations. C’est pourquoi je demande sérieusement à votre altesse royale de borner ses mesures à l’exécution des actes qui auront été arrêtés à Paris, et de ne faire aucun changement qui ne lui soit prescrit par ces actes.

« En soumettant ces suggestions à votre altesse royale, je la prie de croire que je ne le fais qu’en vue de l’honneur et de l’intérêt de votre altesse royale. »

Je dois cependant faire observer que la conduite du maréchal Beresford n’avait pas été tout-à-fait aussi nette que le lui prescrivaient les instructions et les ordres de lord Wellington ; car le maire Lynch, étant venu au-devant du maréchal à un quart de lieue de Bordeaux, accompagné du conseil municipal, lui parla ainsi : « Si vous venez comme vainqueur, vous pouvez vous emparer des clés de la ville sans qu’il soit nécessaire que je vous les donne ; mais si vous venez comme allié de notre auguste souverain Louis  XVIII, je vous les offre, et bientôt vous serez témoin des preuves d’amour qui se manifesteront partout pour notre roi légitime. » Sur quoi le maréchal Beresford, ayant prononcé quelques paroles vagues, entra dans la ville, et en prit possession. Le duc d’Angoulême venait à la suite du corps d’armée anglais, et M. Lynch était bien fondé, sinon autorisé, à dire que « les Bourbons étaient conduits par leurs généreux alliés. »

La bataille de Toulouse eut lieu un mois après l’occupation de Bordeaux. Une dépêche de lord Wellington à lord Bathurst donne les détails de cette affaire si connue. On a dit spirituellement qu’aux yeux de l’opposition la bataille de Toulouse a été perdue chaque fois que le maréchal Soult est ministre, et gagnée quand il ne l’est pas. Qu’on soit de l’opposition, ou qu’on n’en soit pas, il est certain que la bataille de Toulouse a été perdue ; mais elle a été perdue avec honneur, et restera comme un de nos plus beaux faits militaires. L’armée anglaise était forte de 60,000 hommes, le maréchal Soult n’en avait que 22,000, la garnison de Toulouse n’ayant pas été engagée. Les Français disputèrent cependant la victoire toute la journée, et ils eussent pris le lendemain l’offensive, si lord Wellington n’avait donné aux habitans de Toulouse l’alternative de voir brûler la ville ou de capituler. Je ne trouve pas cette déclaration parmi les dépêches de lord Wellington, mais elle est notoire. La proclamation qu’il publia en entrant dans la ville est un acte dicté par l’esprit des instructions données pour Bordeaux au maréchal Beresford. La municipalité de Toulouse proclama aussitôt Louis XVIII.

La relation de la bataille de Toulouse, adressée à lord Bathurst,