Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/789

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
769
DÉPÊCHES DU DUC DE WELLINGTON.

régimens furent considérablement affaiblis ; les généraux Pack et Brisbane furent blessés. Du côté des Français, les généraux Harispe, Baucos et Saint-Hilaire, pris dans les redoutes qu’ils ne voulurent pas abandonner, restèrent entre les mains de l’ennemi, ainsi que 1,600 autres prisonniers. Une seule pièce de canon française resta sur le champ de bataille ! Lord Wellington le dit franchement.

L’état des morts et des blessés, dans l’armée alliée, est de 4,659, dont 2,124 Anglais, 1,928 Espagnols, 607 Portugais. On a porté nos pertes à 3,200 hommes, la plupart blessés. Lord Wellington, dont le rapport est d’une extrême simplicité, et qui ne prononce pas le mot victoire, y a joint une note afin d’établir l’exactitude de ces états. Dans ce but, il explique la manière dont se dressaient, dans l’armée anglaise, les relevés des pertes après une bataille, et il est difficile en effet, après avoir lu cet exposé, d’admettre la possibilité de les altérer. J’y suis d’autant moins disposé que, d’après le rapport et l’état officiels de lord Wellington lui-même, la bataille de Toulouse a été tout au moins, pour l’armée française, une belle et glorieuse retraite.

Ici finissent les dépêches écrites par lord Wellington pendant cette campagne. Il échangea encore quelques lettres avec le maréchal Soult, qui hésitait à reconnaître le gouvernement provisoire, et ne voulait se décider que sur des ordres officiels ; mais la convention du 18 avril, faite avec les maréchaux Soult et Suchet, termina à la fois la correspondance militaire et la guerre.

Lord Wellington ne resta pas long-temps à Paris. Élevé lui-même au rang de duc, il avait fait admettre dans la chambre des lords, sur sa sollicitation, ses compagnons d’armes, sir John Hope, sir F. Graham, sir S. Cotton, sir Rowland Hill, et sir W.-C. Beresford. Bientôt il retourna à son armée, pour aller de là en Espagne, où il voulait, écrivait-il à lord Liverpool, essayer de ramener les partis à des sentimens modérés, et les décider à adopter une constitution compatible avec la paix et le bonheur de la nation. Mais lord Wellington, en arrivant à Madrid, vit commencer les persécutions qui eurent lieu de la part de Ferdinand VII, contre les libéraux, et dut se borner à désapprouver ces mesures. On voit toutefois, par ses notes à lord Castlereagh, que les intérêts anglais l’occupaient principalement dans ce voyage. Il s’agissait d’un traité de commerce entre l’Espagne et l’Angleterre, et d’une négociation de cette dernière puissance avec les États-Unis de l’Amérique septentrionale, pour les décider à ne pas assister les colonies espagnoles dans leur rébellion contre la métro-