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Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 20.djvu/439

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REVUE. — CHRONIQUE.

honorable, toute notabilité parlementaire devra le faire également. Hommes et choses, tout alors prendra ou reprendra sa place naturelle. Vouloir fondre et amalgamer des natures incompatibles est niaiserie ou mensonge. Travailler à fondre et à réunir tout ce qui est homogène, c’est habileté et loyauté. Les hommes francs de tous les partis doivent également le désirer et y travailler de toutes leurs forces.



THÉATRE ITALIEN
Débuts de Mademoiselle Pauline Garcia.

Je me félicite d’avoir attendu pour essayer de dire quelques mots sur les débuts de Mlle Garcia. Il est vrai qu’en venant si tard, je n’ai plus rien à apprendre à personne, et qu’aujourd’hui le public n’a que faire de mon avis ; raison de plus pour que je le lui donne, car ainsi ce que je pourrai dire ne sera pas, Dieu merci, de la critique, et je n’aurai pas de verdict à prononcer en une heure sur un avenir plein d’années. Mon opinion ne sera pas un jugement, mais une causerie, si l’on veut, comme celles du foyer pendant un entr’acte.

Les juges les plus sévères ont reconnu à Mlle Garcia une voix magnifique, d’une étendue extraordinaire, une méthode parfaite, une facilité charmante, un talent dramatique plein de force, d’imagination et de vérité. On pourrait, à la rigueur, s’en tenir là, et un pareil éloge suffirait à une cantatrice consommée. Cependant cet éloge s’adresse à une jeune fille de dix-huit ans, qui n’a paru que six fois sur notre scène. Le rôle qu’elle a abordé le premier, celui de Desdémone, est un des plus difficiles du Théâtre-Italien ; c’est peut-être le plus difficile. Il faut y être cantatrice et tragédienne, être émue et songer à soi, non-seulement exécuter la musique la plus compliquée et la plus fatigante, mais animer cette musique, toucher le cœur avec des fioritures diaboliques, rendre Rossini et Shakspeare. Ajoutez à cela qu’il faut lutter contre les plus dangereux souvenirs, celui de la Malibran, de la Pasta. — Sortir triomphante d’une pareille épreuve, dès le premier jour, sans hésitation, ce n’est pas peu de chose. Mlle Garcia aura fort à faire si ce ne sont là que des promesses ; elle débute comme bien d’autres voudraient finir.

Je n’ignore pas que le chapitre des restrictions est une nécessité à laquelle il faut satisfaire. Notre charité chrétienne ne saurait admettre un éloge sans restriction. Je suis là-dessus aussi savant qu’un autre, et j’ai très savamment remarqué que Mlle Garcia étant fort jeune, sa voix n’est pas aussi assurée ni aussi développée qu’elle le deviendra probablement un jour, quand elle sera plus âgée. J’ai remarqué de même que, n’ayant encore joué que fort rarement,