Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 20.djvu/481

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
477
LA COMÉDIE AU DIXIÈME SIÈCLE.

cette conversion ; mais je ne suis cependant pas sans inquiétude. Je crains que cette femme délicate n’ait eu trop de peine à supporter une pénitence si longue et si rude.

Antoine. — La vraie charité est toujours accompagnée d’une pieuse compassion.

Paphnuce. — Je vous demande ces sentimens pour Thaïs. Daignez, vous et vos disciples, réunir vos prières aux miennes, jusqu’à ce qu’une voix du ciel nous fasse connaître si les larmes de notre pénitente ont attendri et amené à l’indulgence la miséricorde divine.

Antoine. — Nous consentons de grand cœur à votre demande.

Paphnuce. — Dieu, dans sa miséricorde, vous exaucera, j’en suis certain.


Scène XII.


LES MÊMES.

Antoine. — Déjà la promesse évangélique s’est accomplie en nous.

Paphnuce. — Quelle promesse ?

Antoine. — Celle qui a dit : Ceux qui uniront leurs prières obtiendront ce qu’ils désirent.

Paphnuce. — Qu’est-il arrivé ?

Antoine. — Paul mon disciple vient d’avoir une vision.

Paphnuce. — Appelle-le.


Scène XIII.


LES MÊMES, PAUL.

Antoine. — Paul, approchez, et racontez à Paphnuce ce que vous avez vu.

Paul. — J’ai vu dans le ciel un lit magnifique, tendu de blanc et que semblaient garder quatre vierges éclatantes. En admirant cette étonnante splendeur, je me disais : Tant de gloire n’appartient à personne autant qu’à mon père et à mon maître Antoine.

Antoine. — Je ne me crois pas digne d’une telle béatitude.

Paul. — À peine avais-je achevé ces mots, qu’une voix divine et tonnante me dit : Cette gloire n’est pas, comme tu l’espères, réservée à Antoine, mais à Thaïs, la courtisane !

Paphnuce. — Gloire à ta bonté ! ô Jésus, fils unique de Dieu, qui as daigné m’accorder cette consolation dans ma tristesse !

Antoine. — Louons le Seigneur ; il en est digne.

Paphnuce. — Je vais aller voir ma captive.

Antoine. — Le temps est venu où vous pouvez lui annoncer son pardon et la consoler par la promesse de la béatitude éternelle.