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Ligures dans le nord, et les Romains dans toute l’étendue de la péninsule.

Le musée des Studi (ancien musée Portici) contient les restes les plus curieux de la civilisation sicilienne et italo-grecque. Par suite des découvertes d’Herculanum et de Pompeïa, dans quelques-unes de ses salles la civilisation romaine semble rétablie jusque dans ses moindres détails, et l’on y apprend peut-être à mieux connaître la Rome domestique d’autrefois que dans Rome elle-même.

Les monumens étrusques sont, comme les monumens romains, répandus dans toute l’Italie ; mais c’est de Florence à Naples, et principalement entre Florence et Rome, que l’on a découvert d’inépuisables mines de richesses en ce genre. C’est donc surtout dans les musées de ces villes que l’on peut refaire l’histoire de cette belle civilisation étrusque, qui finit par triompher de la barbarie romaine, qui l’avait vaincue et qui voulait l’étouffer.

Jusqu’ici, à Rome comme à Florence, la plupart de ces monumens de l’art étrusque se trouvaient dispersés sans ordre dans les musées, confondus avec une foule d’objets d’art, il est vrai, mais qui leur étaient complètement étrangers. Naples seule avait un commencement de musée étrusque. Elle le devait au goût éclairé de la reine Caroline Murat, cette femme supérieure qui, ainsi que son frère, possédait à un si haut degré le sentiment du grand et du beau ; mais ce musée de Naples, fort augmenté depuis, ne renferme guère que des urnes, des coupes et toute espèce de poterie étrusque, mêlées aux vases grecs, campaniens et calabrais, parmi lesquels brillent au premier rang les admirables vases de Nola[1] : on n’y voit ni meubles, ni bronzes, ni statues.

Depuis les excellens travaux de Visconti, d’Hamilton et d’Inghérami, les archéologues et les savans italiens ont changé d’allure, la netteté et la précision ont remplacé leur incroyable et nuageuse prolixité. Nous ne sommes plus au temps où l’historien d’Herculanum, monsignor Bayardi, arrivé à la fin du deuxième volume de son histoire, après plus de onze cents pages in-4o d’impression, atteignait à

  1. Deux de ces vases sont surtout remarquables : l’un d’eux représente la Dernière nuit de Troie, l’autre une Bacchanale. La bacchanale est charmante, mais un peu sérieuse. Je préfère la Nuit de Troie. Cependant le galbe du vase manque peut être de légèreté ; les peintures qui le décorent sont exécutées avec trois couleurs ; l’artiste a seulement indiqué les blessures avec un peu de vermillon. Chacun de ces vases a été payé 15,000 piastres (80,000 fr.). En lisant ce chiffre, beaucoup de gens ne douteront plus de leur mérite.