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LE MUSÉE ÉTRUSQUE DU VATICAN.

peine l’époque où Hercule délivra Thésée des prisons d’Édonnée et de Pluton. De nos jours, on va droit au but et l’on recherche tous les moyens de l’atteindre.

L’ordre a paru le plus assuré de ces moyens ; l’exemple de Naples n’a donc pas été perdu ; les antiquaires romains ont mis à profit l’idée de la formation d’un musée étrusque et l’ont développée. Le Vatican et les divers musées nationaux renfermaient des trésors de ce genre, recueillis dans les villes étrusques qui font partie des domaines du Saint-Siége : Todi, Bolsena, Cerveteri, Norcia[1], ou qui provenaient des collections dont l’évêque de Chiusi, Barbagli, avait fait don au cardinal Gualteri, et qui depuis étaient passés à la bibliothèque du Vatican. Ces richesses n’avaient été ni classées ni rendues publiques ; à peine en connaissait-on l’importance. On proposa donc de les réunir dans celles des onze mille salles du Vatican qui étaient restées vacantes. Le pape actuel, qui aime les arts comme tous les Italiens éclairés, sourit à l’idée d’attacher son nom au nouveau musée, et s’empressa d’accueillir ce projet qui sur-le-champ fut mis à exécution. Les collections éparses furent rassemblées, dépouillées et classées dans les salles du grand cintre, voisines du Belvédère ; c’est ainsi que fut fondé le plus nouveau et peut-être le plus curieux des musées romains.

Cette collection se compose de tombeaux et urnes funéraires, de statues de péperin, d’albâtre, de marbre et de bronze ; de terres cuites ; de vases, de coupes, de meubles et d’ustensiles de tout genre ; de bijoux, d’armes, et enfin de cette foule de petits objets de luxe qui constituent une civilisation avancée, comme l’était celle des Étrusques.

Ces tombeaux, ces vases et tous ces divers objets sont de différentes époques. Ceux qui les ont classés se sont efforcés, autant que le leur permettait l’emplacement dont ils pouvaient disposer, de suivre dans leur arrangement l’ordre le plus naturel, c’est-à-dire de prendre l’art et la civilisation à leur enfance, et d’en montrer, par des productions de chaque époque, le développement, la maturité et la décadence. Malheureusement cette classification n’est encore qu’ébauchée pour l’ensemble de la collection ; dans les seules salles des urnes funéraires, des tombeaux et des terres cuites, elle a été suivie avec quelque rigueur.

  1. Ces villes sont bâties dans le voisinage ou sur l’emplacement des villes étrusques Tuder, Vulcinium, Cœre, Nursia.