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LE MUSÉE ÉTRUSQUE DU VATICAN.

pieds de griffon. Ces miroirs étrusques sont très singuliers. Ce peuple, plein de goût voulait de l’art jusque sur la surface de ses miroirs ; des figures semblables à celles de ses vases et de ses coupes y sont burinées légèrement ; ces détails devaient, ce me semble, nuire au poli et à la réflexion.

Nous ne savons pas pourquoi l’on a placé dans cette salle, consacrée à la bijouterie, aux meubles et ustensiles de toute espèce, plusieurs statues et fragmens de statues qu’à leur excellence on croirait grecques et du meilleur temps. La seule raison à donner, c’est que ces statues sont de bronze, et qu’on a voulu les réunir aux bronzes, dût-on placer côte à côte une marmite et un héros. Dans la salle des marbres étrusques, nous avions déjà remarqué la statue du Mercure sans ailes, qui est du meilleur goût et traitée avec cette finesse et en même temps cette largeur de modelé qui trompent l’œil et lui font prendre le marbre pour de la chair. Nous avions aussi admiré dans les bas-reliefs plusieurs torses d’une souplesse et d’une passion qui rappellent les plus précieux ouvrages grecs. Notre surprise n’a cependant pas été moins complète, lorsque dans cette salle des bronzes, après avoir examiné une foule d’objets secondaires, nous nous sommes tout à coup trouvé en présence de la statue d’un guerrier étrusque. Cette statue, de la pose la plus naturelle, est revêtue d’une armure grecque, ou peu s’en faut, qui ne laisse voir que le cou, les jambes et les bras ; mais ces seules parties nues peuvent lutter avec les chefs d’œuvre de la statuaire antique du musée des Studi à Naples ou du Vatican. Ce bronze se meut et palpite. Ces jarrets se tendent et vont plier ; le doigt s’enfoncerait dans ces chairs fermes et vivantes. Nous avons vu à Naples et à Florence d’autres statues étrusques fort vantées, mais aucune qui puisse le disputer pour la vérité, la perfection, l’idéal même, dans son repos et son apparente froideur, avec le guerrier étrusque du Vatican. Ce bronze est digne d’être placé à côté des plus beaux morceaux de la sculpture grecque, du Faune, de l’Hercule, ou des admirables bronzes d’Herculanum. Il leur est cependant antérieur de plusieurs siècles. Son style simple, naïf et précis, indique en effet le passage du style étrusque à l’époque hellénienne. Peut-être même un œil exercé retrouverait-il quelque chose d’égyptien dans cet ensemble si calme de la statue, dans ses membres rapprochés du corps et d’un mouvement un peu anguleux. Cette statue a été trouvée à Todi ; on lit à sa base une longue inscription en langue étrusque.

Non loin de la statue du guerrier, on voit un bras colossal pêché