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la ligne de partage entre trois races, trois langues, trois civilisations diverses, toutes représentées dans la confédération suisse par les cantons allemands, français et italiens. Le système entier des Alpes s’abaisse successivement vers l’orient pour former les provinces méridionales de l’Allemagne autrichienne, et va expirer au nord-est, dans la plaine de Hongrie, tandis qu’au sud-est il rejoint la chaîne de l’Hémus par l’embranchement appelé Alpes dinariques. Au nord des Alpes suisses et tyroliennes s’étend un plateau élevé de plus de mille pieds au-dessus du niveau de la mer, dont la Bavière occupe la plus grande partie ; ses limites sont, à l’est, la Haute-Autriche, au nord le Danube, à l’ouest la chaîne appelée Rauhe Alp. Cette chaîne et celle de la Forêt-Noire, qui s’élèvent dans l’intervalle compris entre les sources du Danube et la vallée du Rhin, sont le commencement d’un système de montagnes secondaires qui couvrent toute l’Allemagne centrale comme d’un réseau. La plus grande partie de leurs eaux se rend dans la mer du Nord par le Rhin, le Wéser et l’Elbe, arrosant la vaste plaine qui aboutit aux plages de cette mer et s’étend sans fin au nord-est le long de la Baltique. Ainsi l’Allemagne forme une vaste terrasse qui s’abaisse successivement par gradins plus ou moins brusques depuis le pied des Alpes jusqu’à la mer. De là résulte une grande variété de formes, de paysages, de climats et de productions, par le mélange des montagnes, des plateaux, des vallées et des plaines basses.

Les Alpes orientales appartiennent tout entières à la monarchie autrichienne. C’est d’abord le Tyrol, province si remarquable par ses sublimes paysages et par le caractère du peuple qui l’habite ; là se trouvent les passages les plus faciles pour descendre en Italie : tel est celui du Brenner et le col si peu élevé qui sépare la vallée de l’Inn des sources de l’Adige. Vient ensuite la Styrie, où le quart des habitans est slave ; puis la Carinthie et la Carniole, où la langue et les mœurs allemandes se perdent dans celles des Slaves orientaux Wendes, Illyriens, Morlaques, etc., etc. Les Alpes du Tyrol présentent encore des hauteurs et des glaciers comparables à ceux de la Suisse. L’Ortel, autour duquel l’Autriche a frayé une admirable route, le cède à peine au Mont-Blanc. En Styrie et dans les provinces illyriennes, la chaîne entière s’incline ; elle envoie au nord des embranchemens qui, après avoir formé le délicieux pays de Salzbourg, parcourent l’archiduché d’Autriche, vont resserrer dangereusement le Danube, et se terminent dans les charmantes collines des environs de Vienne. L’un d’eux, appelé chaîne de Leytha, sépare l’Autriche