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concours du conseil suprême, ordonné le rassemblement d’un corps de troupes destiné à servir au-delà de l’Indus, sa seigneurie juge à propos de publier l’exposé suivant des motifs qui ont conduit à l’adoption de cette importante mesure.

« Il est de notoriété publique que les traités conclus par le gouvernement britannique en l’année 1832 avec les Amirs de Sindh, le navâb de Bhavalpour et le maharadja Randjît-Singh, avaient pour objet, en ouvrant la navigation de l’Indus, de faciliter l’extension du commerce, et d’assurer à la nation anglaise, dans l’Asie centrale, cette influence légitime qu’un échange d’avantages devait naturellement produire.

« Dans l’intention d’inviter les gouvernemens de fait de l’Afghanistan à adopter les mesures nécessaires pour donner un entier effet à ces traités, le capitaine Burnes fut député, vers la fin de l’année 1836, en mission près de Dost-Mohammed-Khan, chef de Kaboul. L’objet de la mission de cet officier était, dans l’origine, d’une nature purement commerciale ; toutefois, tandis que le capitaine Burnes était en route pour Kaboul, le gouverneur-général reçut avis que les troupes de Dost-Mohammed-Khan avaient soudainement, et sans provocation, attaqué celles de notre ancien allié, le maharadja Randjît-Singh. Il était naturel d’appréhender que son altesse le maharadja ne tarderait pas à se venger de cette agression, et on devait craindre que, la guerre une fois allumée dans les pays où nous cherchions à étendre notre commerce, les intentions pacifiques et bienfaisantes du gouvernement anglais ne fussent entièrement paralysées. Dans le but d’échapper à une telle calamité, le gouverneur-général résolut d’autoriser le capitaine Burnes à intimer à Dost-Mohammed-Khan que, dans le cas où il se montrerait disposé à un arrangement juste et raisonnable avec le maharadja, sa seigneurie emploierait ses bons offices auprès de son altesse pour le rétablissement de la bonne harmonie entre les deux états. Le maharadja, avec cette confiance caractéristique qu’il n’a cessé de placer dans la bonne foi et l’amitié de la nation anglaise, consentit immédiatement aux propositions du gouverneur-général, et à suspendre provisoirement toute hostilité de son côté.

« Il vint subséquemment à la connaissance du gouverneur-général qu’une armée persane assiégeait Hérat, que d’actives intrigues se poursuivaient dans l’Afghanistan, dans le but d’étendre l’influence et l’autorité de la Perse jusqu’aux bords de l’Indus et même au-delà, et que la cour de Perse avait non-seulement commencé une série