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Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 21.djvu/575

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L’INDUS. — LE SINDH.

clus dans ce but avec des chefs qui n’avaient qu’un respect médiocre pour la foi jurée, et dont les engagemens ne liaient pas d’ailleurs d’une manière absolue les chefs secondaires. Nous avons dit que l’avant dernier traité datait de 1832. Le caractère des négociations entamées à cette époque par ordre et d’après les instructions positives de lord William Bentinck, se ressentit de la circonspection souvent imprévoyante et de la politique timide et flottante de ce gouverneur-général. La dignité du gouvernement suprême en souffrit sans que les intérêts matériels en retirassent aucun bénéfice. Si jamais l’inopportunité et le danger des demi-mesures ont été démontrés, c’est en ce qui touche aux relations de l’Inde anglaise avec le Sindh. Lord Bentinck a voulu temporiser, se borner à un traité de commerce avec des gens qui ne comprennent, ou du moins qui ne respectent que la force. Ce traité n’a servi à rien parce que les spéculateurs ne pouvaient compter sur aucune protection dans le Sindh, par suite de l’organisation, ou, si l’on veut, de la désorganisation politique du pays. Il fallait imposer un traité dont les stipulations pussent protéger efficacement les intérêts politiques et commerciaux. C’était le seul moyen d’en finir avec les Amirs, et c’est celui qu’a adopté lord Auckland. Parmi les princes de la famille régnante, le plus intelligent et le plus puissant de beaucoup est Mir-Mourad-Aly-Khan-Talpour, d’Hyderabad. Les Amirs de Kheyrpour et de Mirpour, ses neveux, sont plus ou moins sous sa dépendance. Mir-Mourad-Aly a usurpé les droits de Mir-Sobdar-Khan, un autre neveu, fils de son frère aîné ; il a de plus désigné, comme son successeur, le second de ses propres fils, au détriment de l’aîné ; et, comme Mir-Sobdar-Khan est encore en vie, à ce qu’on nous assure, il ne saurait y avoir moins de trois prétendans au trône, à la mort de Mir-Mourad-Aly. Toutefois ces prétentions rivales ont trouvé, par suite des derniers traités, un arbitre dont les décisions seront sans appel, et conséquemment l’avenir politique du Sindh est, sous ce rapport, à l’abri de toute commotion violente.

Nous croyons inutile d’entrer dans de longs détails sur la forme de gouvernement du Sindh et son action dans ces dernières années. La domination anglaise commence pour ce pays, et nous ne pourrions former que des conjectures sur le système d’administration qui va être introduit. Nous nous bornerons donc à résumer en peu de mots ce qu’on sait sur l’état actuel, la population et les ressources du Sindh et le caractère de ses habitans.

Les trois districts principaux du Sindh se subdivisent en un nombre