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LA SICILE.

au goût dominant des Espagnols. On allégua que les comédies et les comédiens étaient une occasion de scandale et de pensées déshonnêtes, et le comte Santo-Stefano, gouverneur de Catane, les fit remplacer par le combat du taureau.

Ce fut après le tremblement de terre de 1693 que le vieux palais de l’université s’étant écroulé, on le reconstruisit tel qu’il est aujourd’hui. La disposition intérieure en est très belle. Un atrium de forme carrée et orné de vingt-quatre pilastres sert d’entrée à l’imprimerie, aux écoles primaires, à l’école de calligraphie et aux autres établissemens littéraires. Au second étage, de vastes salles, terminées en voûtes, sont consacrées à l’enseignement des sciences économiques. On y trouve aussi la chapelle, la salle des lauréats, le cabinet anatomique, l’habitation du préfet de l’université et la bibliothèque. En franchissant un autre escalier, on parvient au troisième étage, où se trouve le cabinet d’histoire naturelle et de physique, ainsi que les habitations des professeurs ; mais cette partie de l’édifice a été considérablement endommagée par le tremblement de terre du 18 février 1818. La salle des lauréats est très vaste, et les murs sont couverts de stuc relevé de peintures à fresques. Dans la principale salle de la bibliothèque se trouvent aussi des peintures à fresques d’Olivio Sozzi, œuvre qui n’est pas dépourvue de mérite. Cette bibliothèque se compose de soixante-dix mille volumes environ, dont cinquante mille proviennent de l’ancienne bibliothèque, et dix mille d’un legs de monsignor Salvator Ventimiglia. En outre, lors de l’expulsion des jésuites, en 1767, le roi Ferdinand III fit don à l’université de Catane de tous les livres du collége du Val de Noto. Parmi ces livres, il s’en trouve de précieux pour l’histoire de la Sicile, entre autres un exemplaire, bien rare, des capitulaires du royaume, recueilli par ordre d’un des vice-rois et imprimé à Messine en 1495, et le recueil des constitutions de la Sicile.

L’université de Catane, bien déchue, a cependant conservé une organisation qui rappelle son ancienne splendeur. À en juger par le programme des cours et par les noms des professeurs, les études sont loin d’être abandonnées. Trente chaires publiques figurent, au moins, sur le programme universitaire ; j’y ai remarqué particulièrement la chaire d’architecture civile, un cours d’art vétérinaire, un cours de législation civile et pénale. On parlait d’y ajouter des cours de chimie appliquée aux arts, de mécanique et de dessin approprié aux manufactures. Il y a quelques années, six cents étudians s’appliquaient à l’étude de la médecine, et le conseil provincial avait