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Philonide jouait plus ordinairement dans les pièces politique, δημοτικά δράματα et Callistrate dans celles où l’on n’attaquait que des ridicules privés, ἰδιωτικά δράματα[1].

Nous ne savons pas précisément quel fut le poète qui renonça le premier aux fonctions de chef de troupe ; seulement nous voyons Platon composer des tragédies dans sa jeunesse et les donner à des acteurs[2] qui certainement lui étaient étrangers. Cette révolution scénique paraît avoir eu lieu après la malheureuse issue de la guerre du Péloponnèse. Alors, aux causes politiques qui altérèrent la choragie se joignirent des causes de décadence non moins puissantes, quoique purement littéraires. Ce furent : 1o  l’épuisement du génie poétique après la production de tant de chefs-d’œuvre ; 2o  l’admiration croissante et exclusive de toute la Grèce pour les trois grands tragiques d’Athènes. Toujours on avait permis aux fils des poètes de se présenter aux concours avec des pièces posthumes de leur père. Un des fils d’Eschyle, Euphorion, fit représenter plusieurs tragédies inédites de son père, et remporta ainsi quatre victoires[3]. Peut-être même fut-ce avec une de ces pièces qu’il vainquit dans un même concours Sophocle et Euripide[4]. On voudrait se persuader que Philoclès, neveu d’Eschyle, qui eut le malheur de remporter le prix contre Sophocle et l’Œdipe-Roi[5], s’appuyait sur un ouvrage de son oncle. Iophon, fils de Sophocle, qui fut poète tragique, semble avoir obtenu quelques-unes de ses couronnes par droit successif[6]. Un petit-fils du même poète fit, après la mort de son aïeul, représenter la tragédie d’Œdipe à Colone[7]. Enfin, nous lisons dans la biographie d’Euripide que ce poète, qui ne fut couronné que quatre fois pendant sa vie, le fut une cinquième après sa mort[8]. En effet, un fils d’Euripide[9] concourut, à Athènes, avec Iphigénie en Aulide, l’Alcmœon et les Bacchantes de son père, et vainquit en son nom. Mais on ne se contenta bientôt plus des pièces inédites des grands maîtres. L’admiration produite par les incomparables beautés d’Eschyle, et le désir de revoir incessamment ses chefs-d’œuvre, engagèrent les Athéniens à convier chaque année Eschyle aux dionysies[10], c’est-à-dire à permettre par un décret, non-seulement à ses héritiers et

  1. Aristoph. vit., pag. XIV, Kust.
  2. Ælian., Var. hist., lib. II, cap. XXX
  3. Suid., voc. Εὐφορίων.
  4. Aristoph. gramm., in Medeam Euripid. argum.
  5. Argum. in Œdip. tyrann.
  6. Schol., in Aristoph. Ran., v. 73 et 78.
  7. Argum. in Œdip. Colon.
  8. Móschopul., Eurip. vit.
  9. Schol., in Aristoph. Ran., v. 67.
  10. Phil., Vit. Apollon., VII, pag. 245., Olear.