le caractère de la responsabilité ministérielle ? les trouva-t-il offensantes pour le trône, et Casimir Périer fut-il regardé comme un dictateur qui venait limiter ou violer les prérogatives que la Charte constitutionnelle a attachées à la couronne ?
Dans cette mémorable séance où furent jetées, on peut le dire, les bases de la paix publique qui règne en Europe depuis neuf ans, en même temps qu’il proclamait la nécessité de l’accord de toutes les parties de l’administration, et de l’obéissance absolue des fonctionnaires, qui, disait-il, devaient servir le gouvernement dans le sens de ses desseins, le ministère du 13 mars se hâtait de tenir à l’Europe un langage modéré, mais clair, mais ferme, où il posait les limites de cette nouvelle révolution, qui avait eu pour premier résultat le resserrement instantané du faisceau de tous les états qui formaient la sainte alliance, sauf l’Angleterre, qui s’en était séparée depuis le ministère de M. Canning. « Le principe de la révolution de juillet, disait-il, et par conséquent du gouvernement qui en dérive, ce n’est pas l’insurrection ; le principe de la révolution de juillet, c’est la résistance à l’agression du pouvoir. Le respect de la foi jurée, le respect du droit, voilà le principe du gouvernement que cette révolution a fondé. » Le respect du droit, ce principe habilement déduit de la condamnation prononcée contre le parjure de Charles X, le respect du droit disait tout. Ce mot consacrait tout l’état social de l’Europe, fondé sur des traités que la France avait signés ; aussi le ministère du 13 mars se montrait-il tout-à-fait logique quand il ajoutait : « La violence ne doit être, ni au dedans ni au dehors, le principe de notre gouvernement. Au dedans tout appel à la force, au dehors toute provocation à l’insurrection populaire est une violation de son principe. » Et il ramenait, sinon la confiance, du moins le calme dans les cabinets étrangers, quand il disait encore : « La politique étrangère se lie à la politique intérieure. Pour l’une et l’autre, le mal et le remède sont les mêmes. Le mal, c’est encore la défiance. On voudrait amener la France à se défier de l’Europe, et l’on cherche à répandre que l’Europe se défie de notre révolution. » Suivait l’assurance que le gouvernement respecterait les droits de tous les autres gouvernemens, qu’il soutiendrait partout par ses négociations le principe de non-intervention, mais qu’il ne prendrait les armes et ne laisserait verser le sang français que pour défendre les intérêts ou la dignité de la France.
Les cabinets, ainsi que tout ce qui constitue les gouvernemens étrangers, applaudirent à cette déclaration du ministère du 13 mars, qui rassurait l’Europe, effrayée des débuts de la révolution de 1830.