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que de transaction, de conciliation, de ralliement après la victoire ; et, pour les autres, qui sont placés à gauche, nous ajouterons que ce sont ceux qui n’ont jamais prêché la propagande et la guerre extérieure, et dont les exigences n’ont jamais été jusqu’à vouloir désarmer le gouvernement en présence des factions. Une majorité composée de ces hommes, ne serait pas grande, mais, à notre sens, elle suffirait. On peut opérer de grandes choses, faire respecter le pays, se montrer fort et puissant au dehors, et défendre les lois au dedans, avec une majorité restreinte. Le ministère de lord Melbourne n’a d’ordinaire que seize voix de majorité ; cependant il résiste, suffit à toutes les exigences, et va quelquefois au-delà. Avec cette majorité de seize voix, voyez tout ce que fait le cabinet anglais ! Il prend Aden, Buchir, pénètre dans l’Asie centrale par le Sind, mène ses armées à Kaboul, et s’ouvre ainsi, par les deux extrémités, une nouvelle route vers les Indes. La Chine trouble le commerce anglais, le cabinet de seize voix n’hésite pas à armer contre la Chine, et ne balance même pas à l’idée d’une dépense de quelques centaines de millions et des hasards d’une expédition poussée à quelques mille lieues de la Grande-Bretagne. À chaque démonstration chartiste, à chaque attaque des tories, le ministère répond par un nouvel acte de fermeté au dehors, et marche délibérément à la solution de toutes les grandes questions qui touchent à la puissance actuelle et à la grandeur à venir de l’Angleterre. Supposez à M. Thiers une majorité restreinte, mais sûre, mais constante, et pénétrée de la nécessité de le soutenir, ne serait-il pas homme à en faire autant ?


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